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mies d’enfance, Fumi et Akira entament leur deuxième année, chacune dans un lycée pour filles. Tandis que flotte encore dans le cœur de la première le souvenir de la charismatique et un brin masculine Sugimoto, la seconde fait la connaissance d’une nouvelle élève, Haruka Oono, véritable boute-en-train, inscrite comme elle au club théâtre. Alors que les adolescentes se penchent sur la pièce qu’elles joueront dans quelques mois, Haruka, dont la sœur aînée est lesbienne, demande à Akira ce qu’elle pense des relations amoureuses entre femmes. Ne sachant que répondre, l’intéressée s’interroge à son tour sur la nature des liens qui l’unissent à Fumi. S’agit-il uniquement d’amitié ou d’une autre attirance ? La réponse de Fumi, sous forme de déclaration posée, sème bien vite le désordre en Akira.
Dans Fleurs bleues, Takako Shimura évoque avec finesse et simplicité l’éveil des sentiments, la quête de l’identité – sexuelle, entre autres - et les idylles naissantes de jeunes filles en fleurs. En situant son récit dans un lycée exclusivement féminin, elle choisit le terrain idéal pour mettre en scène la découverte de l’amour et du saphisme, à l’âge où l’on se construit. L’ambiance et le thème rappellent fortement Très cher frère, sans la noirceur qui entache les relations des protagonistes, ainsi que l’excellent Blue de Kiriko Nananan par la délicatesse du traitement.
De rencontres en conversations et en expériences, les personnages se font l’écho d’une recherche, celle de leur moi, de leur place et celle d’une âme sœur potentielle, doux refuge et soutien indispensable. Les héroïnes apprennent ainsi à s’accepter telles qu’elles sont, en étant confrontées à des défis qu’elles doivent relever. Recrutée de force pour participer à la pièce de théâtre du lycée voisin, Fumi se voit, par exemple, obligée de surmonter le complexe de sa grande taille et la peur d’être observée par les autres. Et, si l’évolution se fait lentement et en douceur depuis le début de la série, elle n’en est pas moins assez perceptible dans ce quatrième tome, s’inscrivant dans la lignée des précédents.
Enfin, le plaisir de suivre ces charmantes damoiselles tient également au dessin épuré et classique de la mangaka. L’absence de fioritures et l’usage parcimonieux des habituelles trames du shôjo permettent de goûter pleinement à la délicatesse d’un trait fin, qui n’en fait jamais trop. Cet aspect dépouillé fait d’ailleurs paraître certaines cases plutôt vides, cependant il reste centré sur l’essentiel : l’expressivité des visages, révélatrice des diverses émotions traversant les protagonistes. Et cela fonctionne.
Avec Fleurs bleues, les éditions Asuka proposent une douce bluette qui saura conquérir les amatrices de "yuri" (histoires basées sur des romances entre filles) et celles pour qui "shôjo" ne rime pas seulement avec beaux garçons.