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rance, fin des années quatre-vingt. Mariés depuis quelques temps, Annick et Francis s’appliquent à devenir parents. Malheureusement, ça ne marche pas pour eux. Dépités, mais pas désespérés, ils se tournent vers l’adoption internationale, la Chine tout particulièrement. L’Empire du Milieu commence à s’ouvrir un peu et les orphelinats regorgent de bébés à cause des dérives de la sévère politique de l’enfant unique. Après d'innombrables démarches administratives, c’est le départ pour Shanghai pour, enfin, faire la connaissance de Meili, leur fille. Par contre, avant ce moment de bonheur, il y aura encore beaucoup d’attente, de stress et, évidemment, d'autres formulaires à remplir et à (re-)certifier.
Maou – la vraie Meili – a pris la place de sa mère pour raconter les péripéties qui ont mené à son arrivée au sein d’une famille française. Classiquement agencé, le récit suit ce couple lambda dans toutes les étapes et épreuves qu’il ont dues traverser. Visites médicales éprouvantes et accompagnements psychologiques discutables, tentatives infructueuses de fécondation in vitro alors balbutiantes, avant d’accepter son sort et de choisir une autre voie pour avoir un enfant tellement désiré. La suite du scénario se déroule en Chine populaire, encore très fermée à l'époque : choc culturel, incompréhensions permanentes et, heureusement, de nombreuses rencontres et coups de mains de la part d’inconnus serviables et, finalement, le happy end. Le témoignage est assurément sincère et habité. Cependant, sur la longueur, il se révèle passablement attendu et sans réelle surprise. En effet, ces dernières années, tant les problèmes de procréation que les galères de voyages ont souvent été évoqués en bande dessinée et malgré toutes ses qualités, Fleur de prunier n’apporte rien de vraiment nouveau.
Visuellement, l’approche anthropomorphique et le traitement blanc sur noir radical rappellent les belles heures de la BD indépendante d’il y a quelques lustres ou décennies. Raccord avec la temporalité de son histoire, la dessinatrice présente un univers grouillant de détails, organisé autour d’une mise en scène totalement ouverte et ultra variée. Énergique et foisonnant, le résultat rend la lecture vivante et pleine de ressentis plus que palpables.
Jolie et touchante tranche de vie parfaitement retranscrite, Fleur de prunier est, en dépit d’une thématique moult fois abordée, une œuvre aboutie aux allures sympathiquement rétro et décalée.