Résumé: 1943. Quatre ans après le déclenchement de la guerre, une confrontation sans précédent a lieu à Venise : le destin réunit ceux qu'il avait séparés. Jacopo retrouve un Hans devenu officier SS chargé d’anéantir une cellule rebelle vénitienne. L'enfant timide et renfrogné d'autrefois n'existe plus. Hans est devenu impitoyable. Il profite du pouvoir qui lui a été confié pour remplir son ignoble mission et éliminer tous ceux capables d’éventer sa vie sexuelle passée. Désespérés et abasourdis de retrouver un monstre au lieu d’un amant et d’un ami, Jacopo et Ester se sentent en danger. S'enfuir vers la Suisse est la seule option pour eux. Capturés par les fascistes nazis pendant leur fuite, ils sont envoyés dans une prison contrôlée par Hans, en attendant d’être transférés vers un camp de concentration à l'étranger... C’est là que Hans leur assure qu'ils pourront sauver leur peau en rejouant la pièce d'Ester pour un public de nazis amateurs de théâtre. Et c'est au sein de l'antre de la mort que se jouera le dernier acte surprenant de cette tragédie annoncée avant que le rideau tombe une dernière fois...
Diptyque à l’élégance sombre, Fleur de nuit raconte l’une des périodes les plus noires de l’Histoire par le prisme d’un amour proscrit. Une tragédie humaine qui fait s’affronter les indomptables pulsions de l’âme : trahison et fidélité, xénophobie et idéalisme, pureté et vileté, jalousie et abnégation...
L
es années de jeunesse ne sont plus. L’Italie s’est engagée auprès de l’Allemagne et, malgré le débarquement des Alliés en Sicile à l’été 43 et l’armistice ratifié, Venise est toujours sous la coupe des troupes allemandes…
Riche d’une première collaboration chez Glénat avec La route de la vie, Marco Nizzoli et Giovanna Furio signent avec Fleur de nuit un diptyque sobre et puissant.
Si Les Rêves brisés posait le décor d’un drame annoncé, il portait toutefois en lui l’insouciance d’une époque qui sous prétexte d’oublier les affres de 14-18 allait se jeter dans un conflit bien pire encore. Avec Âmes au crépuscule, plus aucun doute n’est permis, la guerre, le fascisme et les passions personnelles auront raison d’Ester, de Jacopo, de Hans et des leurs. Pour rendre compte de l’inévitable descente aux enfers de toute une société, Giovanna Furio choisit de le faire à travers ses personnages, acteurs volontaires ou non d’une tragédie qui les dépasse et qui les engloutira et s’attache, sans jugement, à la dualité des liens qui les unissent, à l’ambiguïté des sentiments qui les animent. Sur un récit sans concession et d’une réelle intensité psychologique, Marco Nizzoli se distingue par un dessin d’un réalisme élégant et une mise en couleur directe à l’aquarelle qui concourent à crédibiliser l’ensemble. Confusément, chacun sait que cette fiction a eu sa part de réalité dans une Europe occupée et soumise à l’arbitraire !
Parfaitement servi par Giovanna Furio et Marco Nizzoli, Fleur de nuit est un titre à côté duquel il serait dommage de passer.