Le 02/07/2024 à 23:58:14
Pour public averti... Dans cette histoire, un jeune homme a du mal à s'affirmer et souffre de troubles de l’érection, pour ne pas dire que sa copine ne le fait pas trop bander... Et, dans une société vénitienne toujours assez machiste, ça fait tache. Alors, il navique sur les sites pornographiques, fasciné par le sein maternel et la lactation érotique. Dès lors, son cœur balance, entre Stella et Ludovica, entre la fidélité et la passion aveugle. Si l'histoire est d'une grande profondeur, abordant avec plus ou moins de finesse le thème de la sexualité, l'ambiance débridée de cet album en fera blêmir plus d'un, bigot ou pas... Les graphismes sont fouillés, mais là aussi un peu bizarres, notamment lorsqu'il s'agit de faire voir la chair, les poils, les veines, la viscosité... Or, le découpage et la composition sont particulièrement intelligents et n'ont rien à envier à un Chris Ware ou à un Martin Panchaud. C'est géométrique, maîtrisé et tout simplement moderne. Le fond comme la forme de la BD m'ont convaincu et je lirai dès que possible les autres BD de Miguel Vila. Alors, si vous avez le cœur bien accroché et que vous êtes prêt à sortir des canons de la beauté classique, ceux de la publicité par exemple ou encore de Manara... Lancez-vous.Le 30/07/2023 à 16:21:25
C'est parce qu'il y a une recommandation positive sur le livre par Manuel Fior, que j'ai finalement pris le livre à la maison . L'histoire est celle d'une romance pour de mauvaises raisons, d'une fille qui veut sauver un garçon traumatisé. Les choses se gâtent lorsque le jeune homme laisse son nouveau fétiche prendre le contrôle de sa vie. L'illustrateur adopte une approche clinique de la narration, en utilisant les formules graphiques fournies par Chris Ware. Ainsi il peut donner vie à des sentiments très chargés et ceci d'une manière très lisible. Cette façon de raconter des sujets difficiles tels que l'aliénation, la solitude, l'enfermement dans soi-même, les fétiches, ... rappelle également l'auteur flamand Ben Gijsemans. Reste qu'après avoir lu cette comédie de mœurs, on se demande dans quelle mesure ces tranches de vies reflètent une réalité (éventuellement telle qu'elle a été vécue par l'auteur).Le 19/04/2023 à 16:26:35
Stella aime Marco, se plie en 4 pour lui, prend un boulot supplémentaire, lui paie ses heures de permis... Et affichent ensemble des sourires de façade auprès de leurs ami.e.s et familles. Mais rien ne va quand elle et lui se retrouvent au lit, Marco n'y arrive pas, ce qui met la patience de Stella à rude épreuve. C'est la rencontre avec Ludovica, pour qui Stella fait du babysitting, qui va réveiller des fantasmes insoupçonnés chez Marco. L'histoire est déjà écrite, on ne peut qu'assister à la descente en flammes du couple, qui était de toute façon promis à rester dysfonctionnelle. Après son intéressant Padovaland, Miguel Vila (né en 1993) frappe fort avec son nouveau bouquin et ne fait pas dans la dentelle pour rentrer dans l'intimité de ses personnages, en particulier Marco qui est le noeud de l'histoire. Fleur de lait est un peu une extension de Padovaland, on retrouve cette même province italienne, morne, artificielle, sans avenir. Vila pousse plus loin la représentation des jeunes qui n'ont que des centres commerciaux et parcs pour tuer le temps, et la représentation des physiques imparfaits, loin des publicités dont les jeunes sont abreuvés. Sa science du cadrage, et surtout des petites vignettes, de leur positionnement, du vide tout autour, etc... donne des compositions de page très chouettes et singulières. Les vignettes sont tour à tour contextuelles (très ware-ien), voyeuristes, ou dans le flow d'une conversation, et donnent parfaitement le rythme de la page. Je suis très fan de tout ça. Une des forces de Fleur de lait est qu'il est très explicite dans son analyse, mais je crains que ça soit à double tranchant dans son appréciation, et que d'autres lecteur.ice.s trouvent que Vila en fait trop.BDGest 2014 - Tous droits réservés