Résumé: CLICHY-SOUS-BOIS, octobre 2005, les émeutes embrasent la cité, OMAR, 19 ans, remplit un sac de sport de divers outils à jeter sur la police. Arrestation, Comparution immédiate :
2 ans ferme assortis d'une reconduite à la frontière. OMAR va devoir s'adapter à sa nouvelle vie en ALGÉRIE.
FISSA, PAPA... est une histoire sur la recherche de ses origines et de ce qui nous définie comme Français. C'est aussi la quête du père et de soi-même.
À travers les histoires et légendes familiales, OMAR va apprendre qui était son père, et peut-être trouver sa place.
C
lichy sous Bois, 2005. C’est la guerre dans les rues de la banlieue. Omar sort de l’appartement familial avec un sac chargé de boules de pétanque, de marteaux et de tournevis. Il est immédiatement intercepté par les CRS. Résultat : vingt-trois mois de prison avant d’être déporté au bled. Il n’y connaît personne, il ne parle pas arabe, mais l’accueil est chaleureux et il prend doucement plaisir à découvrir le village de ses ancêtres. Lors d’une fête, son regard croise celui de la jolie Nadia ; suffisant pour que les marieuses entreprennent la planification des noces. Dix années ont passé, le voyou est devenu adulte. Il rentre clandestinement en France lorsqu’il apprend que son père est malade. Puis il retourne chez lui, en Algérie. Et c’est tout.
L’histoire proposée par Amazing Ameziane est toute simple. Dans cette odyssée, il raconte le destin banal d’un homme, sa jeunesse houleuse et sa rédemption, mais également l’intransigeance des autorités françaises, la montée des intégristes au Maghreb et l’espoir des immigrants illégaux qui s’entassent à trois cents sur une embarcation de fortune. Pas de grands discours, pas de cris ou de dénonciations. Le protagoniste observe et constate ; mais il a déjà donné dans la révolte et il n’a qu’un objectif : mener une vie tranquille avec son épouse, sa fille et son bébé à naître.
Avec son coup de pinceau, généralement très gras, l’artiste privilégie les grands formats. Pour preuve, on ne compte que cinq dessins dans les huit premières pages, sans phylactères pour en briser l’harmonie. D’autres, construites de manière plus traditionnelle, accueillent quelques vignettes, mais ne dépassent pratiquement jamais cinq ou six. Bref, il aime avoir de l’espace pour présenter ses illustrations, habituellement réalistes, produites à l’encre et au lavis, avec des ajouts marron. Quelques planches tranchent : teinte bleutée, présentation de la smala avec des personnages en ombres, compositions sommaires, voire inachevées ou encore quasi abstraites. Le créateur démontre de l’audace, sans que lecteur comprenne le pourquoi de ces écarts graphiques. Ces expérimentations ne se font cependant jamais au détriment de la lisibilité de l’album. Bien au contraire, et en plus elles sont réussies.
Un récit bien mené, celui d’une quête des origines et de la réconciliation avec un père auquel le héros ressemble davantage qu’il ne le croyait.