Résumé: 1920. Finnele a 14 ans. Elle vit en Alsace, une des « provinces perdues » redevenues françaises suite à la victoire de 1918. Un retour qui, après 40 ans passés sous gouvernement allemand, n'a rien d'évident. Pour elle et sa famille, il faut tout reconstruire, à commencer par la maison, détruite par les obus. Ici, la guerre a autant chamboulé les gens que le paysage, mais rien n'empêchera Finnele de rêver et de garder sa joie de vivre.
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920, les cendres de la guerre sont encore fumantes, mais la paix est enfin revenue. L'Alsace est de retour dans la République et ses habitants à nouveau Français. Chez les Koehrlen, comme chez tout le monde, on s’attelle à la reconstruction, aussi bien matérielle que morale. Quant à Finnele, elle grandit et est évidemment mise à contribution par ses parents : petits boulots et premières « places » sérieuses se succèdent.
Toujours entre saga familiale – Finnele est inspirée de sa grand-mère – et récit régionaliste, Anne Teuf continue de narrer le devenir des siens et de son petit coin de pays. Plus que du respect, c'est véritablement de l'amour qui ressort de la lecture de Dommages de guerre. La scénariste anime avec soin et honnêteté sa petite tribu. En effet, loin de se limiter à donner une image fantasmée de cette époque, elle ne cache rien des difficultés pratiques et de la pauvreté endémique qui minent ces territoires. Elle n'oublie non plus pas les défauts de tout un chacun (Madame Koehrlen mère n'a rien à envier à la Mme Lepic de Jules Renard, par exemple). Résultat, les personnages et les situations sonnent "vrai", rendant leurs tribulations touchantes et tangibles.
Toute une revue historique vient s'ajouter à ces incidents de la vie de tous les jours. Après quarante ans « de l'autre côté du Rhin », la région revient dans le giron national. Teuf décrit très méticuleusement toutes les nuances politiques et culturelles de ces circonstances inusitées. Globalement, si la majorité de la population s'accorde à dire qu'il s'agit d'une bonne chose, dans la réalité de nombreux courants s'affrontent et s'inquiète du devenir de l'identité alsacienne (la langue, le Concordat, etc.). Il faut dire que l'approche très centralisée de Paris ne fait rien pour apaiser ces craintes. Là aussi, Teuf fait preuve de précision et arrive, avec un talent certain, à décrypter et à rendre passionnant ces querelles passées.
Petite et grande Histoire intimement mêlées, beaucoup de tendresse et une reconstitution graphique à la hauteur (qu'il est élégant ce trait charbonneux et chaleureux faisant revivre tous ces métiers oubliés !), Finnele séduit grâce à sa fraîcheur de ton et à la vitalité de sa jeune héroïne.
Les avis
MariannePut
Le 28/05/2017 à 19:25:31
magnifique histoire sensible et historiquement très exacte. Un regard différent sur les gens qui ont vécu durement les conflits sans être les héros.