Info édition : Noté "N001" au 4e plat. Une planche de parodies de vignettes Panini en page 199. Couverture avec rabats.
Résumé: En l’espace de huit jours, l’odyssée intime d’un homme sur les traces de son passé. Un nouveau départ pour le travail de Didier Tronchet en bande dessinée, sur le thème de la filiation.
Ébranlé par un incendie qui aurait pu lui coûter la vie, le narrateur de cette histoire ressent le besoin de renouer avec son propre passé, matérialisé par une série d’albums photos qui récapitulent une bonne part de son existence – à commencer par la mémoire de son père trop tôt disparu. Ainsi débute une étrange période qui, huit jours durant, conduit cet homme solitaire et secret sur le chemin d’une profonde introspection. Avec la complicité de son jeune neveu Anthony, qui lui est profondément attaché, il entreprend une sorte de pèlerinage impromptu au coeur de ses racines familiales, habité par le sentiment du temps qui passe et la conscience aiguë de la fugacité des êtres et des choses. Ce voyage à rebours de plus de trente ans, à la fois géographique et intérieur, lui permettra, grâce à une lettre miraculeusement retrouvée, de redécouvrir la profondeur de son attachement pour son père et de se confronter enfin à un désir de paternité longtemps refoulé.
Avec pudeur, distance et une très discrète touche d’humour, Didier Tronchet transpose en bande dessinée, en noir et blanc et sur un format de longue haleine, son propre roman éponyme paru en 2011 chez Flammarion. Une manière de dévoiler un registre sensible et intimiste qu’on ne lui connaissait pas en bande dessinée, et une réflexion touchante sur les ressorts de la filiation.
O
n mène une petite vie normale, puis une surprenante succession d'incidents (un incendie, une jolie voisine émotive, deux décès, une virée impromptue en Ardèche et la relecture des aventures de Tintin) vous tombe dessus. Au début, on n'y voit que des coïncidences, mais, peu à peu, ça commence à faire gamberger. Ne serait-ce pas une bonne occasion de faire le point sur son existence ?
Pour Le fils du yéti, Didier Tronchet a choisi d'adapter son roman paru originellement aux éditions Flammarion en 2011. Le récit doux-amer à forte teneur autobiographique tourne autour de la relation de l'auteur avec son père prématurément disparu. Le héros – son nom n'est jamais mentionné – tente de reconstruire et comprendre les liens qui le rattachent à cette figure qu'il ne connaît pratiquement que sous forme de photographies. Pour aller de l'avant, il faut connaître ses racines. De plus, peut-on devenir un bon père quand on n'a pas connu le sien ? Le propos, à la fois très personnel et universel, est séduisant malgré un choix narratif un peu lancinant. En effet, le scénario manque cruellement de rythme et, à l'instar de son personnage principal, de caractère. Tout est raconté sur le même ton, autant les bonnes que les mauvaises surprises. Sans être totalement pesante, l'atmosphère générale de l'album n'offre, en définitive, guère d'emprise sur le lecteur.
Même si le trait unique du créateur de Jean-Claude Tergal est immédiatement reconnaissable, le dessinateur a choisi une approche plus épurée qu'à l'habitude. Le dessin en noir et blanc, juste habillé d'un soupçon de fusain, est élégant et d'une grande légèreté. Logiquement centré sur les protagonistes, la mise en page est efficace quoique très dense. Quelques grandes compositions supplémentaires auraient certainement offert des moments de respiration bénéfiques à la narration.
Malgré de nombreuses bonnes idées et une excellente réalisation, Le fils du yéti peine finalement à aller au-delà de l'anecdote personnelle.
La preview
Les avis
Arkadi
Le 09/10/2025 à 22:56:42
Tronchet, on s’en doutait, est avant tout un sensible. Il le prouve dans cette autobiographie qui n’en est pas une mais qui fait tout pour faire croire que s’en est une. Voilà l’histoire d’un type qui a la tête de Tronchet avec le métier de Tronchet et qui semble être un idiot gentil.
En fait ce type n’existe pas. Il vit une vie de silence et de transparence. Et malgré le feu de la vie et peut être un amour naissant, il tente d’abord de tout oublier. Oublier, un type qui est déjà honnis par tous, ce n’est pas simple. Alors, il part à la recherche de quelque chose. Mais de quoi exactement ? Il n’en sait rien. Et au travers d’énigmes qui n’en sont pas et que le personnage principal aime à croire que s’en est, il retourne évidemment au père. Un père absent, qui n’existe plus et qui a fait croire, peut-être, que son fils n’existait pas d’avantage….
L’auteur n’explique que très peu et ne cherche pas à prendre les sentiers déjà maintes fois pris quand le thème est celui de la recherche du père. L’artiste est d’une sensibilité folle. Il utilise toutes les palettes des émotions avec délicatesse. La narration est un jeu de hasard qui n’en ai pas un vraiment et on se laisse aller au plaisir fou de suivre la quête tout en légèreté d’un homme pas si idiot bête que ça. C’est l’histoire d’un remplaçant dans tous les domaines et qui se rend compte qu’il est à l’image du père photographié un peu avant la vraie photo.
Est-ce que sa vie va changer ? On ne sait pas. Est-ce qu’il va être différent après tout cela ? Aucune idée. Comprend-il ce qui lui arrive ? Pas forcément. Mais, à la fin, il devient plus palpable, plus dense. Il ose un peu. Il sait qu’il est le fils du Yéti et que celui-ci le regarde toujours derrière un rocher comme une très fameuse case finale d’une très fameuse BD.
Tronchet ne fait pas de tralala dans son dessin. Il va à l’essentiel, simple, rapide et efficace dans un gaufrier très standard.
Une réussite
willybouze
Le 01/05/2014 à 16:48:31
Nombre d'ouvrages, écrits par des hommes, sont une quête du père (vivant ou mort, d'ailleurs). Comme une quête de notre histoire personnelle et du renouvellement que notre propre vie représente après la disparition de notre géniteur.
J'ai pu écrire, à l'occasion de mon avis sur "Jack Joseph, soudeur sous-marin", combien ce genre de bouquin pouvait me laisser indifférent, malgré le talent de son auteur.
Ici, Tronchet nous emmène dans l'histoire d'un homme qui ne sait pas qu'il part en quête de son père mais qui le découvre au fur et à mesure de son désarroi et des mauvaises solutions qu'il choisit pour le combattre.
Toujours adepte de l'anti-héros, l'auteur nous régale, avec son humour si particulier, son trait juste et expressif, et sa poésie de la réalité. Toujours les 2 pieds dans le concret, il nous emmène pourtant aux portes du fantasme et de la projection personnelle vers des temps rêvés ou vraiment vécus sans qu'on fasse la part des choses.
Ce fils du Yéti est une vraie bonne surprise, choisie par hasard sur le rayonnage de ma librairie habituelle. Bravo à Tronchet pour cet album !