I
l était une fois, un renard rusé, satyre malicieux, amateur de femmes et de vin, qui possédait chaque nuit la charmante épouse d’un marchand parti en voyage. Le fieffé goupil se délectait de cette aubaine et en profitait joyeusement. Mais c’était sans compter sur Petit Kou, fils de la dame en question, inventif autant que téméraire et bien déterminé à chasser ce vilain animal par tous les moyens possibles et imaginables.
Pour sa première œuvre publiée en France grâce à la nouvelle maison d’édition, Xiao Pan, spécialisée dans les bandes dessinées chinoises, Nie Chongrui adapte dans le Le fils du marchand, un conte de Pu Songling (fin du XVIIème siècle). Il y propose une promenade divertissante et amusante dans la tradition chinoise, en faisant s’affronter un esprit renard, coquin accompli poursuivant les humains de ses assiduités sexuelles, et un enfant fauteur de trouble qui ne cède pas devant les maléfices de son adversaire. La farce et le rire trouvent leur source dans le duel entre ces deux intelligences et le ridicule grotesque des adultes incapables : que ce soit mère Wu, la cuisinière, imposante par la taille mais poltronne, ou le marchand si désespéré des mauvais tours du renard qu’il en devient ivrogne, ou encore du magicien imbu de sa puissance qui échoue dans son art. Les trognes même des protagonistes invitent à la moquerie.
Graphiquement, l’album allie un trait simple, dynamique et des couleurs franches, unies, assez vives. L’ensemble rappelle que l’auteur a travaillé dans un studio d’animation. Quelquefois cependant le dessin s’avère plus réaliste dans certains gros plans où les visages sont bien détaillés. De plus, le choix du format franco-belge permet de mieux apprécier chaque case.
S’adressant aussi bien aux jeunes lecteurs qu’aux autres, Le Fils du marchand offre un intéressant et alléchant aperçu de la BD chinoise. Prenez la peine de vous y pencher.