Résumé: Quand on est le fils d'un montreur d'ours, d'un Ursari comme on dit chez les Roms, on sait qu'on ne reste jamais bien longtemps au même endroit. Harcelés par la police, chassés par des habitants, Ciprian et sa famille ont fini par relâcher leur ours et sont partis vers une nouvelle vie à Paris où, paraît-il, il y a du travail et plein d'argent à gagner. Cependant leurs rêves se fracassent sur une réalité violente. À peine installés dans le bidonville, chacun se découvre un nouveau métier. Daddu, le montreur d'ours, devient ferrailleur, M'man et Vera sont mendiantes professionnelles, Dimetriu, le grand frère, est « emprunteur » de portefeuilles et Ciprian son apprenti. Un soir, Ciprian ne ramène rien de sa « journée de travail ». C'est qu'il a découvert le paradis, le jardin du « Lusquenbour » où il observe en cachette des joueurs de lézecheck. Le garçon ne connaît rien aux échecs mais s'aperçoit vite qu'il est capable de rejouer chaque partie dans sa tête. C'est le début d'une nouvelle vie pour le fils de l'Ursari.
M
ica a rendu l'âme en expirant bruyamment un dernier nuage de fumée grise : plus de camionnette pour sillonner les routes et gagner sa croûte ! La famille de Cyprian se retrouve donc bloquée à Tamasciu pour récolter quelques sous grâce aux talents de chacun notamment... la fauche. Malheureusement, l’aîné Dimitri s'est fait prendre. Seule solution pour éviter les ennuis : partir à Paris, avec en prime, des dettes aux passeurs. Déracinés, redevables, il va falloir tenir le coup, les subir et en donner parfois. Le courage et l'ingéniosité du petit rom suffiront-ils pour s'en sortir ?
Tiré du roman de Xavier-Laurent Petit, le récit adapté par Cyrille Pomès oscille entre conte moderne et réalité. Si les quelques facilités dans l'intrigue et un côté sombre volontairement minimisé permettent une lecture pour les plus jeunes, les adultes apprécieront également l'universalité des thèmes et l'angle original sous lequel ils sont abordés. À travers le regard de l'enfant, la qualité du texte dégage une réelle force émotionnelle, distillée sans misérabilisme, mais avec innocence et espoir. Aux problèmes lourds des migrants, du racket et du racisme se mêlent des sujets inattendus et légers comme les échecs. Le personnage du garçon apporte un joli vent de fraîcheur avec son caractère solaire : volontaire, bienveillant, curieux, il a tout d'un homme bon.
Le graphisme parait brouillon de prime abord, avec un trait lâché, tremblotant et caricatural cependant, la spontanéité du style d'Isabelle Merlet accorde légèreté et un brin d'humour qui permettent d'alléger le contexte de l'histoire.
Peut-être trop beau pour être vrai, néanmoins, une dose d'espoir et d'optimisme ne sera jamais de trop. Le fils de l'ursari offre le portrait d'un môme attachant dans un milieu difficile. Une agréable surprise.
La preview
Les avis
Erik67
Le 30/09/2020 à 22:05:30
Il s'agit d'un album de Cyrille Pomès qui renverse les clichés et qui est adapté d'un roman de Xavier Laurent Petit. Il y a de la couleur et du mouvement. Le dessin n'est pourtant pas celui que je préfère car les trognes des personnages sont un peu angulaires. Cependant, on sent quand même quelque chose d'assez positif et sympathique. C'est un style assez réaliste qui est tout de même maîtrisé.
Pour le reste, il s'agit d'une famille de gitans qui est ballotée jusqu'en France et qui malheureusement pratique le vol à l'étalage pour survivre. On s'aperçoit que la vie n'est pas facile pour ces gens du voyage ce qui fait qu'on pourra leur pardonner certaines exactions. Pour autant, l'espoir viendra du petit gamin qui semble être surdoué.
Un album qui a tout de même remporté le grand prix du roman jeunesse en 2017 de la société des gens de lettres. Au final, une bonne BD jeunesse qu'apprécieront également les adultes.