Résumé: Paloma, Céleste, Sierra, Apolline... Sans l'impulsion de Chélonia, sans son envie de les rassembler, il est certain que ces jeunes filles seraient toujours terrées dans leur coin, en proie à leurs démons. Le club « des Mal-Barrées », au nom plutôt pessimiste, est en réalité ce qui leur est arrivé de mieux : la fin de la solitude de Paloma, la confiance retrouvée de Céleste, la colère apaisée de Sierra, la nouvelle assurance d'Apolline... Mais au fait, que retire réellement Chélonia, en apparence sûre d'elle, de ces amitiés salvatrices ? La création de ce club ne serait-elle pas le fruit d'un dessein plus complexe que la seule volonté de réunir des solitaires ? La conséquence d'un terrible... secret ? Pour le découvrir, les adolescentes devront remonter le fil d'une histoire éprouvante, qui commence sur les plages de Mayotte, lorsque les jeunes tortues tout juste sorties de leur oeuf doivent se battre pour atteindre l'océan : le récit terrible de l'enfance de Chélonia. Ce dernier tome de la série nous apporte son lot de révélations. Dans ce récit touchant, porté par les dialogues toujours justes de BeKa et par le style graphique assuré de Camille Méhu, nos cinq héroïnes seront plus soudées que jamais pour cette ultime épreuve.
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aloma, Céleste, Sierra et Apolline font face à un ordinateur. Quelque part, derrière un autre écran, le mystérieux « Solo » leur apprend que Chélonia, qu’il connaît depuis des années, a coupé tout contact et disparu. Selon lui, elle court un grand danger : celui d’une psyché dévorée par le fantôme d’un père toxique qui a ruiné son enfance.
Chacun des tomes précédents et plus encore le quatrième avaient laissé entrevoir que le passé de la dernière de la bande de Filles uniques n’avait rien de lisse ni de simple. Et, en effet, ce cinquième volet entraine le lecteur dans les méandres douloureux d’une vie cabossée et aux répercussions toujours prégnantes malgré le passage des années. Une nouvelle fois, le duo BeKa au scénario et le dessinateur Camille Méhu déploient leurs talents pour offrir un récit prenant et d’une efficacité redoutable.
D’abord, la mise en image joue habilement de cadrages et de plans variés pour exprimer les ressentis de l’héroïne et représenter au mieux ce qui la ronge de l’intérieur. Le choix de couleurs vient, par ailleurs, renforcer les ambiances. Ensuite, le propos aborde avec gravité un autre aspect des violences intrafamiliales sur mineurs. Elles prennent, ici le visage d’un pervers narcissique menant une double vie et manipulant sans vergogne les pensées de sa progéniture. Les coups pleuvent sous forme de mots abaissants et humiliants qui laminent la confiance et l’estime de soi d’une gamine qui n’a quasiment rien à quoi se raccrocher. La justesse du ton comme la fragilité psychologique de Chélonia ne manquent pas de toucher. En parallèle, les auteurs montrent également la force de la solidarité ainsi que la profonde bienveillance qui sous-tend l’amitié du quintette d’adolescentes blessées. Cette lueur d’espoir n’empêche cependant pas un autre fil de l’histoire d’avoir un dénouement amer ; une façon de rappeler que le combat contre la toxicité de certains proches est de tous les instants et que s’en débarrasser prend énormément de temps.
Ce dernier tome conclut sur un message fort une série à lire et faire découvrir aux adolescent.es comme aux grand·es.
Lire les chroniques des tome 1, tome 2, tome 3 et tome 4.