Résumé: Apolline, c'est la bonne copine. Ou plutôt, la bonne poire. L'adolescente se met constamment au service des autres, pour se faire oublier, pour ne pas déranger. Apolline, la béquille qui soutient sans rien demander en retour, et qui ne connait que rejet et solitude depuis toute petite. Si elle fait partie du « club des mal-barrées », ce n'est pas pour autant que ses amies font réellement attention à elle. Et ne parlons pas de ses parents, qui auraient préféré un garçon appréciant la lecture et la musique classique, comme eux, au lieu de cette fille masculine qui joue au rugby...Le désarroi d'Apolline est tel que l'issue de son mal-être semble de plus en plus précise... Ne serait-il pas temps pour Sierra, Paloma, Chélonia et Céleste d'ouvrir les yeux ? Car sur l'échiquier de leur amitié, tous les pions sont indispensables : si Sierra a le tempérament positif du Fou, Céleste incarne le Cavalier, agissant avec discrétion mais franchissant tous les obstacles, tandis que Paloma et Chélonia motivent leurs troupes en Reines du plateau. Aux échecs cependant, on ne peut jouer sans sa Tour, qu'incarne Apolline : toujours dans son coin, certes, mais elle est l'amie solide sur qui on peut compter en cas de besoin.
A
polline est si effacée que même ses copines du « Club des mal-barrées » oublient parfois sa présence. Taiseuse, la sportive ne souhaite pas déranger ; ce qui la conduit à se fondre dans le décor, à opiner aux choix d’autrui, à se charger des corvées dont personne ne veut, à prendre le moins de place possible. Et cela depuis l’enfance, quand elle a compris qu’elle ne convenait pas… Il suffit à Sierra d’une visite chez sa pote pour mesurer le problème et, à sa manière rentre-dedans, de forcer Apolline à s’exprimer. Un pas et un mot après l’autre, la jeune fille entrouvre enfin le placard…
Le duo BeKa poursuit sur sa bonne lancée et offre un nouveau portrait sensible et pertinent, celui d’une adolescente au terrible complexe d’infériorité qui fait pourtant comme si de rien n’était, semblant toujours d’accord, mais s’éclipsant volontairement pour ne pas déranger. Les lecteurs découvrent ainsi l’héroïne sous un autre angle et ne manqueront pas de la trouver attachante. Encore une fois, la bienveillance et la force intrinsèque du groupe d’amies permet de dénouer les choses. Les fils suivis par les auteurs précédemment ne sont pas abandonnés et quelques scènes laissent entrevoir leur évolution. Quant au final, en plus des prémices d'un épanouissement, il annonce un ultime volet prometteur. Le dessin de Camille Méhu reste efficace. En peu de cases, il parvient à créer ce qu’il faut de tension, en soulignant également les sentiments des protagonistes, par les expressions des visages, les attitudes ou les interactions.
Nouveau bon point pour Filles uniques avec cet avant-dernier tome convaincant de bout en bout.