Résumé: Un roman graphique sur la famille, les sentiments et le premier amour par Molly Knox Ostertag, autrice de la série du Garçon Sorcière.
Morgan, 15 ans, cache un secret : elle a hâte de quitter la parfaite petite île où elle vit. Elle est impatiente de terminer le lycée et de quitter sa mère, triste et divorcée, son petit frère lunatique, et plus que tout : son super groupe d’amies… qui ne la comprennent pas du tout.
Parce qu’en fait, le plus grand secret de Morgan, c’est qu’elle en possède beaucoup, et l’un d’entre eux serait de donner un baiser à une autre fille.
Une nuit, Morgan est sauvé de la noyade par Keltie, une mystérieuse fille. Elles deviennent amies et soudainement, la vie sur l’île ne semble plus aussi étouffante. Mais Keltie possède aussi ses secrets. Les filles commencent à s’attacher l’une à l’autre, et ce que chacune essaie de cacher va finir par se dévoiler… que Morgan y soit préparée ou non.
E
lle a cru rêver ce jour-là : une glissade sur les rochers, une chute dans l'eau glacée suivie d'une lente descente vers les abysses… Un réflexe de survie la fait remonter à la surface. Quand elle reprend ses esprits, une étrange créature féminine se tient à ses côtés, avec des yeux incroyables dans lesquels elle aimerait se perdre à jamais. Non non, elle a du se cogner la tête. Mais alors, qui est cette blonde atypique qui accourt vers elle le lendemain comme si elles se connaissaient depuis toujours ?
Comme dans Garçon sorcière, Molly Knox Ostertag mélange fantastique et réalité pour aborder les questions de genre et d'identité qui peuvent tarauder chacun à un moment de sa vie. L’autrice se base donc sur la légende des selkies - femmes à l’apparence de phoques et venant périodiquement chercher l’amour parmi les humains - et le destin de Morgan, adolescente pleinement consciente de son attirance pour les filles mais encore empêtrée dans son secret. Si l'idée se révèle relativement intéressante, il reste que l'introduction d'une dimension écologique superflue et la psychologie simple des personnages dispersent et diminuent quelque peu la puissance du propos. Pour satisfaire un lectorat adulte, le scénario aurait par conséquent gagné à plus de subtilité et de profondeur. Néanmoins, les collégiens et collégiennes devraient apprécier cette histoire au traitement moderne, emplie de bons sentiments et de positivité.
Au niveau du graphisme, l'artiste conserve le rendu naïf de ses précédentes œuvres ainsi que la rondeur des silhouettes qui ciblent définitivement la jeunesse. Si le résultat manque un peu d'audace et de richesse dans les décors, l'ensemble est agréable à suivre, notamment grâce à l'apport des aplats de couleurs éclatantes.
La fille de la mer est une réflexion sur l'apprentissage et la découverte de soi, doublée d'un divertissement destiné davantage aux plus jeunes qu'aux grands du fait de son approche relativement frontale.
Les avis
Erik67
Le 27/11/2022 à 09:39:48
Voici un roman graphique destiné à la jeunesse plutôt original dans son approche. Il serait strictement interdit dans la plupart des pays du globe réactionnaire et autoritaire à commencer par la Russie de Poutine qui a prévu une infraction dans son code pénal pour ce type d'ouvrage.
En effet, si cela parle d'amour et d'amitié, cela n'exclut pas la relation lesbienne entre ses deux héroïnes sur fond de conte enfantin tout droit sortie de la petite sirène version gay.
Sur le fond, je ne peux qu'être en adéquation avec les valeurs véhiculées comme le respect de toutes les différences mais également le respect de la nature avec une dimension écologique afin de préserver les océans de toute pollution humaine.
Curieusement, sur la forme, j'ai également adhéré à ce dessin moderne presque enfantin mais qui a son charme. J'aime bien quand le trait est dynamique tout en conservant une certaine rondeur et du panache avec des couleurs.
Bref, on n'oubliera pas de sitôt cette fille de la mer qui revient tous les sept ans et qui se transforme de phoque en jeune belle adolescente. Cette amphibie de l'animal qui peut à la fois vivre dans la mer et sur la terre est constitutif de ces êtres humains qui peuvent à la fois aimer les femmes et les hommes.
C'est plutôt bien vu de la part des auteurs qui apportent là un beau message envers un public jeune qui deviendra sans doute tolérant plus tard. C'est en tous les cas le souhait.