Résumé: À la tête d'une bande de voyous, Mafuyu se fait renvoyer de son lycée, suite à un règlement de compte. Sa mère l'inscrit dans un nouvel établissement à une condition : qu'elle en finisse avec la violence. Mais, comment ne pas céder à l'appel du combat lorsque son ancien mentor réapparaît en professeur un brin sadique et met tout en œuvre pour la rediriger sur le mauvais chemin ?
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envoyée de son école suite à une violente bagarre avec un clan rival, Mafuyu intègre un nouvel établissement, réputé pour recevoir les causes perdues. Ayant promis à sa mère de ne plus s’adonner à la violence, la jeune fille est bien décidée à rouler droit. De belles résolutions qui tombent à l’eau lorsqu’elle voit un garçon en mauvaise posture face à des voyous. Quand Mafuyu se rend compte qu’il s’agit de son professeur principal et du voisin de son enfance qu’elle a toujours admiré, il est déjà trop tard pour faire marche arrière. D’autant que Takaomi Saeki semble prendre un malin plaisir à l’orienter vers toutes les occasions de bastons qui se présentent. À commencer par la mettre sur le chemin d’Hayasaka, le « dur » de l’école, quand certains lui cherchent des noises…
Le shojô qui rimait avec héroïnes pleurnicheuses et falotes, dotées ou non de pouvoirs surnaturels leur permettant de trouver leur voie et de prendre de l’assurance, ne semble plus avoir la cote et une légion de personnages féminins hauts en couleur est venue remplacer les cohortes d’indécises à demi effacées d’hier. Après les kogals affirmées, les switch girls décomplexées, les passionnées d’arts martiaux aux manières un peu brusques, les otaku déchaînées, les hikimori de retour dans la société, voici que débarquent, non plus en seconds couteaux, mais bien en tête d’affiche, les yankees, bagarreuses en diable et apaches en jupes longues maniant la batte et le poing comme des garçons.
En choisissant une de ces promptes au combat comme figure principale de sa nouvelle série, Izumi Tsubaki (Sweet relax) s’est assurée d’avoir en elle un électron libre particulièrement vif et garant d’une large dose d’animation. Cela fonctionne plutôt bien puisque Mafuyu ne résiste qu’assez peu aux opportunités de rixes qui semblent fleurir à chacun de ses pas et ce, malgré ses bonnes résolutions. Pour autant, ce premier tome fait plus l’effet d’un raz de marée anarchique que d’une introduction bien contrôlée, l’auteure voulant en faire trop et trop vite. Si la situation particulière de la jeune fille est bien expliquée et annonce clairement la donne, le personnage vire rapidement à la caricature à force de multiplier les gags et les gaffes énormes. Cela fait sourire au début puis s’essouffle peu à peu faute de surprise.
Afin de contrebalancer le trop plein d’énergie ainsi qu’une certaine idiotie de l’héroïne plutôt faiblarde en stratégie, la mangaka offre un duo masculin assez intéressant et dont elle dessine les caractères par petites touches. Rapidement, Takaomi, le professeur, apparaît sous un jour ambivalent qui incite le lecteur à s’interroger sur ses motivations profondes à pousser sa turbulente élève sur une route a priori peu recommandable. En contrepoint, Hayasaka, clairement réputé comme voyou, semble vouloir s’affranchir de cette étiquette qui lui colle à la peau et le conduit à des affrontements qu’il n’a pas l’air de désirer. La relation que ces deux-là entretiennent avec Mafuyu – un brin perverse pour l’un, provenant d’un énorme quiproquo pour l’autre – constitue la partie la plus goûteuse du récit et donne envie d’en suivre l’évolution.
Servi par un dessin dynamique qui emprunte aux codes classiques du genre – force trames, expressivité extrême des visages – tout en développant son propre style, Fight girl constitue un bon moment de détente. Néanmoins, l’avalanche d’action et de péripéties ainsi que le recours à des ficelles peu subtiles rendent ce premier volet un peu fatigant sur la longueur. Espérons que la suite pèchera moins par excès de zèle comique à tout prix.