Info édition : Couverture avec vernis sélectif. Noté Première édition. Format : 225 x 300 mm.
Résumé: Vincent et Sam. Plus que des amis, des frères. Ils ne se sont pas vus depuis que Sam est parti aux Fidji. Et quand il redébarque sans prévenir, il entraîne Vincent dans un road trip vers Biarritz, la ville de leur enfance. Sauf que depuis un an, la vie de Vincent a changé. Leur voyage de retrouvailles va vite dérailler, et se transformer en règlement de compte. Entre eux, mais aussi avec la vie.
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aris, aujourd’hui. Après une jeunesse débridée qui aurait pu lui coûter cher, Vincent s’est assagi et a trouvé un semblant d’équilibre. Suivi médicalement pour des tendances dépressives, il arrive désormais à garder les pieds sur terre, enfin la plupart du temps en tout cas. De plus, si ce n’est pas facile tous les jours, il peut compter sur l’aide de sa copine, Lucie. D’ailleurs, ils sont sur le point d’acheter un appartement ensemble, voilà une belle motivation. Un domicile à soi et un boulot de commercial, peut-être pas le plus excitant, mais pour lequel il commence à trouver ses marques ; la situation est sous contrôle. L’arrivée surprise de son vieux pote d'enfance Sam va venir compliquer les choses. Et si, c’était sa dernière chance pour vivre en grand avant d'être obligé de rentrer dans le rang ?
Il y a les fables initiatiques, ces histoires où un aventurier (ou -ière) affronte des épreuves, réalise son potentiel, passe une ou des étapes et finit par se révéler aux autres et à lui-même. Il y a également les romans constats, ceux où des personnages font les comptes et revisitent différentes étapes de leur existence. Entre les deux, il y a des BD comme Fidji. Un pas en avant, un regard en arrière, des regrets et des espérances, le tout sous la forme d’un road-movie hypnotique en direction de Biarritz et l’océan. Dans la préface, Jean-Luc Cano explique que Fidji est un récit qu’il portait en lui depuis longtemps et qui lui tient particulièrement à cœur. La lecture de l’album abonde dans ce sens. Introspection sincère et sans concession, le portrait Vincent se montre spécialement parlant et détaillé : la maladie mentale, les difficultés pour accepter le quotidien et, tout simplement, s’accepter. Le regard des autres et cette détresse continuelle que même les personnes les plus proches ont de la peine à appréhender, le scénariste a dressé une image confondante d’un jeune en homme au bord de la crise de nerf.
Évidemment, malgré les médicaments et l’attention de son entourage, des fois, ça explose. L’apparition inopinée de Sam va servir de détonateur et mettre le feu aux poudres. Il s’en suit une longue et parfois un peu répétitive descente vers le Sud et leur passé commun. Chaque étape ou incident sert alors de révélateur ou d’illustration d’une des failles du protagoniste principal. Le tout est rythmé par une playlist affûtée (une chanson par chapitre) pour encore plus d’immersion et de ressenti.
Jusque là très posée, la narration passe en mode thriller destroy que Pierre-Denis Goux dessine en cinémascope à grands coups de planches ouvertes et de compositions pleine page aux cadrages audacieux. Même si ce déferlement de scènes d’action permet de retranscrire visuellement le chaos mental dans lequel Vincent se débat, il devient rapidement envahissant et finit par étouffer le cœur du propos. En résumé, les auteurs ont un peu trop chargé leur barque et perdu des yeux la vraie nature de ce récit avant tout intérieur.
Conte d’aujourd’hui braquant les projecteurs sur un sujet difficile, la maladie mentale, malheureusement très répandu, Fidji explore aussi le poids des remords. Même si certains de ses développements ou rebondissements étonnent par moments, son énergie et son honnêteté de tous les instants en font une très bonne lecture à la fois poignante et profondément humaine.
La preview
Les avis
Muhyidin
Le 06/07/2024 à 17:53:04
Très bonne lecture pour ma part. D’autant plus marquante si vous avez vécu des événements similaires.