Le 19/08/2020 à 12:09:13
Je ne connaissais aucun de ces deux jeunes auteurs et c’est en feuilletant par hasard l’album à la bibliothèque – un des tous premiers édités par HiComics début 2018 – que j’en suis venu à le lire. Il faut dire que son dessin, qui détonne de la production habituelle des comics, mêmes indépendants, m’a immédiatement attiré (The Few 2017, #1-6). Le dessin de Hayden Sherman constitue en effet le principal, si ce n’est le seul, intérêt de cette mini-série en six épisodes (d’une quarantaine de pages chacun tout de même). Souvent plus proche du crayonné que du dessin véritablement abouti, il offre un résultat original, volontairement grossier, brut voire sale. Il donne à première vue le sentiment d’avoir été peu travaillé alors qu’il y a au contraire un bel effort de mise en scène et de cadrage. L’histoire étant par ailleurs essentiellement orientée vers l’action, le dessin va à l’essentiel et se trouve donc parfaitement en accord. Et la couleur, plutôt froide, appliquée par aplats et par trames dans les tons kaki avec seulement une pointe de rouge de-ci de-là, participe également à l’ambiance apocalyptique du récit. A la réflexion, ce type de dessin me faisait un peu penser au trait de Yoji Shinkawa ou d’Ashley Wood sur Metal Gear Solid. Mais, au-delà de cette partie graphique remarquable, le scénario de Sean Lewis est malheureusement assez faible. Dans un futur proche dystopique, plusieurs factions armées se font la guerre : le Palace (ce qu’il reste des Etats-Unis devenus un Etat totalitaire), les Etats reliquats d’Amérique (les rebelles) et les fous de dieu d’Herrod (les terroristes). Au milieu de cette barbarie à laquelle tout le monde participe joyeusement, une jeune militaire se découvre soudainement une conscience lorsqu’on lui confie un bébé et décide alors de rejoindre la rébellion. Bien que la caractérisation de l’héroïne et les relations entre les protagonistes soient bien travaillées, l’histoire en reste là et ne fait qu’effleurer son sujet. A ce rythme, il eut fallu au moins le double d’épisodes pour raconter quelque chose. Même la morale de l’histoire m’a paru abscons : finalement, même les bonnes âmes finissent par épouser le terrorisme ?BDGest 2014 - Tous droits réservés