Résumé: Dans les vallées reculée de la frontière Pakistano-afghane, les trois mille derniers Kalash de l'Himalaya tentent de préserver leur culture et leurs traditions ancestrales, désormais menacées par l'islamisation de la société et le monde moderne. À l'approche du solstice d'hiver, les Kalash chantent et dansent pour la renaissance des saisons et la fertilité de leurs cultures. Ils prient les dieux et les esprits de la nature, dialoguent avec les fées et écoutent les instructions du chamane. C'est pour vivre de l’intérieur l’événement le plus sacré de la tradition que Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre ont intégré le quotidien de ce peuple, appris leur langue et adopté leurs rites. Un voyage captivant en terres chamanique au cœur du Pakistan, coédité par le Musée des confluences de Lyon.
E
n avril 1978, Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre débarquent au Pakistan. Ils sont ethnologues et/ou photographes. Leur but est de rejoindre le nord du pays, la zone frontalière qui longe l’Afghanistan, où vivent les Kalash. Ces rescapés du massacre des Kafirs, perpétré à la fin du 19è siècle, vivent isolés du reste du monde, fidèles à leurs mœurs, croyances et rituels ancestraux. Les Pakistanais qui accompagnent les trois compagnons vers leur destination les décrivent comme des gens de la forêt, des païens qui n’ont ni livres sacrés ni éducation.
Rudyard Kipling, dans L’Homme qui voulut être roi (1888) fait mention des Kalash et enflamme l’imagination du trio d’amis. Leur désir, à la fois d’aventures et de témoignage, se transforme en programmation d’un séjour de quelques semaines. Ils resteront 15 ans. Aidés par un traducteur maîtrisant l’anglais, ils passeront peu à peu toutes les étapes de la vie commune, de l’hébergement à l’acceptation, de l’intégration à l’assimilation. Ils vont apprendre une langue, comprendre une tradition fondée sur l’oralité et découvrir une religion polythéiste, fort éloignée du bouddhisme, de l’hindouisme et de l’islam. L’envie d’immersion n’occulte cependant pas leur esprit critique. Les femmes sont souvent tenues à l’écart de la communauté et le sujet est abordé sans détours.
Les aventuriers ont exhumé leurs documents, se sont adjoint les services d’Hubert Maury au dessin et présentent aujourd’hui Fêtes himalayennes – Les derniers Kalash. L’album est un récit chronologique, reposant sur des photographies, reliées par les illustrations et les dialogues (souvent en idiome kalash traduit). Ce qui n’a pas été photographié est reconstitué, dessiné et commenté. Le livre accompagne une exposition qui se tiendra jusqu’au 1er décembre 2019 au musée des Confluences de Lyon, dont l’objet est de montrer le mode de vie d’un peuple de 3000 âmes, menacé par les talibans voisins et l’expansion d’une certaine forme d’islamisme.
Néanmoins, malgré la beauté et l’intégrité du projet, force est de constater que le graphisme de Maury ne séduit guère et que le récit, s’enlisant assez vite dans les descriptions juxtaposées de rites religieux, est ennuyeux. Fêtes himalayennes est à soutenir pour sa démarche et la protection due à cette civilisation menacée, mais il ne faut pas en attendre des émerveillements propres au neuvième Art.
Les avis
Shaddam4
Le 30/10/2019 à 14:17:45
J'ai découvert cet album en visitant l'exposition du Musée des Confluences de Lyon (destiné à aborder la Nature, les traditions et les cultures humaines et où j'avais vu récemment une exposition sur Hugo Pratt) sur les Derniers Kalash, visible jusqu'au premier décembre prochain. Réalisé en partenariat avec l'éditeur La Boite à bulle, l'album retrace le séjour des trois personnes dont les captations photos et vidéo sont à l'origine de l'exposition.
En 1978, trois jeunes français abandonnent leur emploi pour aller passer plusieurs mois au milieu des Kalash, dernière ethnie païenne du nord du Pakistan. Là-bas ils vont entreprendre une immersion ethnologique au sein d'une peuplade dont les rites hors du temps renvoient aux traditions primordiales de l'humanité.
Comme souvent dans une BD documentaire c'est la narration, le scénario qui donne son intérêt à l'ouvrage, en ajoutant une plus-valu très importante à une exposition dont j'avais trouvé le récit assez minimaliste. La difficulté de la muséographie, surtout pour des sujets dont peu de traces sont visibles, est toujours d'organiser une progression narrative pour structurer la prise de connaissance. Et cet album est non seulement très réussi sur ce point mais je dirais indispensable à tout visiteur de l'exposition, si bien que je ne comprends pas pourquoi le musée n'a pas intégré des planches de l'album directement dans l'installation muséale...[...]
Lire la suite sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/10/20/fetes-himalayennes-les-derniers-kalash