Résumé: Au fond de la mer glacée de l'arctique git le squelette d'une femme que son père avait poussé là. Accroché à la ligne de pêche d'un inuit, le squelette est remonté à la surface. Emberlificotée à la ligne, la femme squelette suit le pêcheur jusqu'à son igloo. L'homme observe cet être étrange tapi dans l'ombre qui ne semble plus si effrayant et prend le temps de démêler son fil des os et de le réchauffer. Durant la nuit la femme squelette s'approche de son sauveteur et boit une larme. Le battement du coeur de l'homme raisonne comme un tambour, et petit à petit elle retrouve muscles, organes, peau, cheveux et tatouages. Cécile Vallade rend hommage aux paysages glacés et à la faune de l'arctique mais elle apporte aussi quelques touches d'humour à cette légende inuit sur la reconstruction d'une femme. La narration muette renforce le lien entre les deux personnages, et un chant de gorge dans la tradition inuit composé et enregistré par Marie-Pascale Dubé est accessible via des QR codes.
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ne Inuit est assassinée. Son squelette s’ennuie sous l’eau, jusqu’à ce que l’hameçon d’un pêcheur s’y accroche. Emberlificotés dans la ligne, les os suivent l’homme jusqu’à son igloo. Une étrange relation se noue entre les deux et le cadavre reprend vie.
Après avoir illustré Polyphonte il y a quelques années, Cécile Vallade réalise son premier projet à titre d’autrice complète. Pas un mot n’est prononcé dans cette histoire. La trame se veut simple, mais laisse de vastes zones d’ombre. Elle invite le lecteur à interpréter le propos. Qui est cette femme ? Qui l’a tuée ? L’éditeur affirme que le père est l'auteur du crime, rien n’est moins certain. À la limite, le meurtrier et celui qui a recueilli la victime pourraient constituer la même personne… ou pas. Quel sens doit être donné à la renaissance du corps ? Et plus globalement, que raconte cet ouvrage ? Un mythe, une légende ou un rêve. À chacun de choisir.
Les dessins, généralement en noir et blanc, sont admirables. Les imposantes illustrations occupent toutes une double page et conviennent à la contemplation des grands espaces enneigés. La représentation de la faune nordique se montre également remarquable. Pour tout dire, ce bouquin se parcourt un peu comme s’il s’agissait d’un livre d’Art. Bien que le sujet soit fondamentalement dramatique, l’autrice y met en scène des ossements étonnement charismatiques, drôles et facétieux.
Plutôt coûteux (29 euros), l’album se lit rapidement, malgré ses deux cent soixante planches. Il n'en reste pas moins que La femme squelette apparaît aussi atypique que séduisant.