Résumé: Les années 80. Les années fric. À chacun, sa façon d’en gagner !
Eux, ils sont huit, sur les hauts de Belleville. Il y a le cerveau, celui qui aime cogner, le taiseux, le mystique, l’ex proxénète, le monte-en-l’air indépendant, l’ancien para, ou encore Rouve, le gitan, dont la marotte est l’histoire des bandits des siècles passés. Ils n’ont aucun lien avec le « milieu », le grand banditisme ou la mafia. C’est « une bande de copains, pas de voyous » !, qui a un jour décidé, pour venger l’un des leurs tué par un flic, de dévaliser des banques, car « pour les bourgeois, piquer du fric, c’est pire que faire couler du sang » !
Et c’est grâce à l’érudition de Rouve, et indirectement à Marcel Schwob (…), que leur vient l’idée géniale de se déguiser. Sus aux cagoules et autres bas nylon ! Il s’agit maintenant de se faire passer au premier abord pour des clients ordinaires. Vive les perruques, postiches, fausses moustaches, chapeaux, turbans et autre habit de curé !
En cinq ans, ils multiplient les casses, n’hésitant pas à attaquer plusieurs banques dans la même journée, n’y restant que le temps de vider un maximum de coffres-forts. La police est totalement impuissante et dépassée. Elle n’arrive pas à comprendre leur logique, leur façon de choisir le lieu de leurs braquages, même ses indics sont paumés... Le mythe se crée.
Et devant tant d’argent facile, certains flics pourris s’y mettent ! Les copieurs-plagieurs aussi, brouillant d’autant plus les pistes…
I
ls sont d'origines différentes, ne sont pas issus du grand banditisme et pourtant ils vont se regrouper et devenir le cauchemar des forces de l'ordre en réalisant une série de hold-up audacieux qui vont défrayer la chronique dans la France des années 80. Le gang des postiches va sévir de 1981 à 1986 sans violence et avec un succès inégalé. La fin ne sera pas aussi simple et loin d'être sans casse.
La volonté de David B. et Tanquerelle est de présenter de façon objective, sans parti pris, un fait historique de la criminalité parisienne. Souvent présentés, à tort, comme des Robins des Bois des temps modernes, la personnalité des membres du gang des postiches reste inconnue du grand public et l'éclairage apporté par Les faux visages permet de lever le voile sur la partie immergée de l'épopée médiatisée de ces gangsters grimés. La formation du groupe est traitée relativement rapidement pour se focaliser sur la période d'actions qui est à l'origine de la relative popularité des braqueurs. Pour rester factuel et s'exonérer de l'aspect passionnel, Tanquerelle opte pour un style graphique assez froid basé sur une bichromie bleue/blanc rehaussée de noir. Le souci du détail, ponctué de petits clins d'œil, donne une dimension "reportage" à l'ouvrage et crédibilise le discours.
Les hold-up s'enchainent un peu rapidement passant en revue, parfois superficiellement, un certain nombre d'années. La répétition de faits similaires n'aurait pas apporté de plus-value aux propos qui se focalisent plus sur l'enquête, les répercussions et les suites de l'épopée de ces quelques gentlemen cambrioleurs. Le récit est dynamisé par ce passage en revue express, peut-être imposé par le format compact, mais tout de même consistant. Le livre se lit d'une traite avec le sentiment de parcourir des vies passées à cent à l'heure à braver la police dans une course effrénée sans réel optimisme sur leur fin.
Entre documentaire et série télévisée survitaminée, cet album offre une rétrospective minutieuse et passionnante sur un épisode qui reste paré d’un enjolivement médiatique trop prononcé. Un travail d’archives appréciable.