Résumé: Né dans une famille de "manants", Martin n'a pas le droit d'avoir un faucon, privilège réservé au seigneur. Il décide d'enfermer son oiseau dans une cage qu'il dissimule dans une maison abandonnée. Mais, un soir, démasqué par le fauconnier, il se retrouve en prison...Centré sur la relation entre l'enfant et l'oiseau, le livre met en scène à la fois une question propre à la société médiévale celle du privilège de la chasse, et une question intemporelle : doit-on respecter une loi inique.
M
artin possède un secret : il sait où se trouve un nid de faucons, niché dans un arbre de la forêt à quelques lieues de chez lui. Hélas, posséder ces rapaces est l'apanage des seigneurs et le garçon n'est un manant parmi tant d'autres. Qui sait ce qui lui arrivera s'il est découvert ?
Après le récent Renard de Morlange et des adaptations plus anciennes comme Les Petites filles modèles, Les malheurs de Sophie ou encore Blanche-Neige et La belle et la bête avec Loki, Maxe L'Hermenier s'attaque à un autre roman célèbre pour la jeunesse de Jean-Côme Noguès. Sur la trame originale limpide, la narration se révèle fluide ; le scénariste respecte le texte, faisant ressortir la personnalité du petit héros, courageux, passionné, tenace et possédant une loyauté à toute épreuve envers son animal, malgré les interdits et les risques encourus. Le contexte de classe est bien démontré, rendant les injustices d'autant plus flagrantes. La fin tragique évite une mièvrerie positive non représentative de la réalité quotidienne de cette époque.
Steven Dupré, dessinateur de Coma, Midgard et Kaamelott utilise de belles couleurs douces et lumineuses sur un graphisme expressif qui met en avant les décors de la faune et de la flore, exécutés de façon plus réaliste que les personnages. La mise en page et les cadrages sont travaillés, permettant l'économie de phylactères car finalement, les images se suffisent souvent à elles-mêmes dans cet ouvrage.
Cette version en images se révèle relativement bien faite pour le public visé. Elle véhicule de bonnes valeurs et engendre un questionnement intéressant sur les lois iniques, le tout joliment dessiné. Voilà une manière agréable de faire découvrir un classique de la littérature.
Les avis
Erik67
Le 06/03/2021 à 09:29:02
Martin, la douzaine, devrait le savoir : dénicher un faucon est un privilège qui est réservé au seigneur. Enfreindre ce droit est passible de peines très sévères même pour un enfant de serf surtout à cette époque moyenâgeuse assez trouble.
Il va se lier d'amitié avec cet oiseau majestueux et ne va pas en faire un tueur comme les faucons du seigneur local destinés à la chasse. C'est la rencontre entre un garçon et un animal domestiqué un peu comme « Belle et Sébastien ». Ceci est la version volatile de cette amitié. Pour autant, le fauconnier du château viendra récupérer ce faucon en le séparant de son jeune maître. La partie la plus intéressante de l'histoire commencera alors.
Il y a une grande forme de naïveté chez Martin qu'on pardonnera en raison de son jeune âge. On voit bien que la lecture est destinée à la jeunesse. Le passage du saut presque dans le vide pour retomber sur ses pieds est assez improbable mais comme dit, c'est pour mettre en avant la bravoure de Martin au caractère presque indomptable. Il est également assez malin pour voir qu'un complot se prépare devant l'inaction des gardes.
Par ailleurs, on aura droit à une approche de la condition bien difficile des serfs entre la destruction du village par des seigneurs rivaux ou bien la famine lors des destruction de récoltes. Le contexte historique est bien rendu ainsi que la vie quotidienne au Moyen-Age.
Un moine nous apprendra par exemple que nul n'est tenu de s'expliquer à cette époque quand on demande asile. Les temps ont bien changé.
J'ai beaucoup aimé ce graphisme qui a su restituer à merveille les décors médiévaux à commencer par le château fort. Et puis, le style d'écriture est tout à fait agréable et compréhensible. Bref, c'est accessible à tout le monde.
Cette adaptation de l'auteur Jean-Côme Noguès (qui était enseignant) est plutôt bien réussie et donne envie de découvrir les autres œuvres tel que « l'homme qui a séduit le soleil ». Je regrette juste personnellement une conclusion un peu déprimante et abrupt alors que les choses commençaient à s'arranger grâce à la bienveillance du seigneur local. Du coup, ce n'est peut-être pas aussi naïf que cela.
Par ailleurs, c'est une bonne idée d'avoir glissé à la fin de l'ouvrage des pages de jeux afin de savoir si on a bien assimilé le monde de Martin. C'est en tout cas une manière assez ludique pour les enfants de découvrir la vie au Moyen-Age.