Le 25/11/2021 à 07:36:16
Le roman graphique nous permet de nous instruire d'une certaine manière en permettant de combler nos carences. Moi, j'aime bien le cinéma par exemple. Cependant, je ne connaissais pas forcément Roscoe Arbuckle dit Fatty qui était l'acteur le mieux payé Hollywood dans les années 20. Il dépassait en popularité Charlie Chaplin et Buster Keaton réunis. Bref, il fallait le faire ! Visiblement, comme la plupart des acteurs qui rencontrent le succès, sa vie s'est transformée en débauche dégoulinante. C'est clair que la chute n'en fut que plus rude. On va assister impuissant au premier grand scandale hollywoodien. Cela ne sera que le premier d'une longue suite, le dernier scandale étant celui de l'affaire Alec Baldwin qui a joué à la roulette russe sur un tournage de western en ne vérifiant pas si son arme était chargé (ce qui paraît être pour certain un geste élémentaire de prudence). J'ai adoré l'introduction avec un Buster Keaton vieillissant qui raconte la légende Roscoe à un jeune technicien du plateau de tournage de la quatrième dimension dans les années 60. En effet, Fatty faisait dans le cinéma populaire tendance burlesque. Il était loin du courant moralisateur qui va sévir dans l'Amérique des années 20 conduisant à la prohibition par exemple. Visiblement, ce fut une époque où les acteurs pouvaient encore faire une douzaine de films en seulement deux ans ce qui arriva à nos deux complices amis Fatty et Buster Keaton. On croisera la route d'un Charlie Chaplin au bras d'une très jeune femme qui aurait pu être sa fille. Bref, il ne sera pas montré sous le meilleur angle mais son talent comme acteur comique sera reconnu. On voit comment la notoriété attire des femmes assez vénales et comment on peut se retrouver accusé de viol ou pire d'homicide involontaire. Fatty n'a fait qu'aider assez naïvement une jeune femme ivre. Cependant, le contexte est celui Hollywood qui passe pour un camp de vacances de dépravés. Il fallait que quelqu'un en paye le prix. Les ligues féministes s'en sont données à cœur joie. Balance ton porc ! J'ai été ému pour cet homme certes extravagant mais innocent qu'on a fait passer pour un monstre. On voit la machine judiciaire en œuvre quand elle essaye de broyer une célébrité qui devient une victime expiatoire. Bref, une aubaine pour le procureur qui rêve de devenir le prochain gouverneur de San Francisco. Même la presse a fait ses choux gras avec des titres de manchette comme « Roscoe aurait violé Virginia avec une bouteille de Coca-Cola ». Ridicule mais cela marche ! Bref, je n'ai pas été déçu de cette lecture qui nous montre le milieu Hollywood mais également celui d'une justice parfois corrompue. Ainsi l'un des jurés avait un compagnon qui travaillait pour le bureau du procureur et qui aurait dû être récusé par conséquent. Sans l'unanimité des jurés, le procureur pouvait faire appel ce qu'il ne manqua pas de faire. On traîne dans la boue une célébrité pour gagner en prestige. Ce procès va révéler encore quelques désagréables surprises sur le système américain. Au bout du compte, la morale sera sauve mais bon. Fatty fut détruit à jamais banni par les pontes et la censure. En conclusion, je dirai que c'est une BD très intéressante à découvrir. La lecture fut très agréable grâce à un magnifique dessin qui œuvre à la qualité de l'ensemble.Le 19/09/2021 à 18:04:38
Studios MGM, Beverly Hills. 1960. Andrew est jeune et rêve de travailler dans le monde du cinéma. Il a le rôle ingrat d’un petit assistant. Le réalisateur le charge d’aller chercher la doublure de l’acteur principal pour faire les réglages lumière. Problème : la doublure a la gastro… Le jeune assistant a une idée : pourquoi ne pas demander à l’acteur principal de venir lui-même ? Le réalisateur lui offre alors le choix. Soit il ramène la vedette en question pour se prêter à ces réglages, soit il est viré. C’est plein d’inquiétude qu’il va frapper à la porte de la loge de monsieur Buster Keaton. Là, il va entreprendre un voyage dans le temps qui va lui faire découvrir celui qui fut le premier Roi d’Hollywood… Fatty ! Fatty qui ? Quoi ? Connais pas… Critique : Si vous vivez déjà depuis six décennies ou plus, vous vous souvenez certainement de ces films en noir et blanc du cinéma muet avec Charlot, Laurel et Hardy, Buster Keaton… On les diffusait le dimanche à la télévision (qui n’émettait qu’en noir et blanc) et ils étaient souvent programmés dans les cinémas de quartier le dimanche avant LE grand film en couleurs. Je vous parle des années ’60… Vous souvenez-vous aussi de Fatty ? Je gage que non ! Ce nom ne vous dit pas grand-chose. Et pour cause… Il va se retrouver mêlé à un des pires scandales auquel le cinéma américain ait été confronté. Roscoe, c’est ainsi que ses amis l’appelaient, avait un talent fou, selon les critères de l’époque, et était connu et admiré dans toute l’Amérique. Dans toute l’Amérique, mais pas par toute l’Amérique. Une vague de puritanisme envahit le pays et dans ses films, Roscoe « Fatty » qui est acteur et réalisateur, n’hésite pas à placer des scènes de meurtres, de beuveries, des jolies filles en maillot de bain… et il se moque avec délectation de la police. La consommation d’alcool va être interdite dans les années 1920 et Hollywood n’est pas en reste. Hollywood veut « moraliser » la profession. Fatty, Roscoe Arbuckle, donne des fêtes somptueuses où l’alcool coule à flot, où la drogue est présente et où les jolies femmes sont les bienvenues. Ces fêtes ont souvent lieu dans des hôtels, les lits ne manquent pas. C’est au cours d’une de celles-ci qu’une jeune et très jolie actrice, peu ou pas connue, va se retrouver en train de mourir dans la chambre de Fatty. S’ensuit alors une accusation lourde de conséquences pour celui qui est le Roi d’Hollywood. Il sera accusé de viol et d’homicide involontaire. Les dirigeants de la MGM, plutôt moralistes ne tardent pas à lâcher leur acteur fétiche, d’autant que, comme toujours, des foules de « justiciers » se pressent pour réclamer la tête du monstre, Fatty, et justice pour Virginia (du déjà vu et qu’on verra encore). L’affaire tombe bien pour Matthew Brady, procureur de San Francisco. Il a besoin d’une belle affaire pour gagner en popularité et devenir le prochain gouverneur de San Francisco. Au besoin, s’il manque des preuves, la police se chargera d’en fabriquer… Pardon, d’en trouver ! Et si certains témoins font des déclarations en faveur de l’accusé, les services du procureur, et donc la police, vont vite s’empresser de les discréditer ou de les faire changer d’avis. J’ajoute encore que la presse à scandale en rajoute plusieurs couches… Et pour cause, cela fait vendre et assure la fortune de ceux qui publient ces soi-disant informations. C’est la vie, la gloire et la chute de ce premier roi d’Hollywood que julien Frey retrace dans ce fantastique scénario au travers du témoignage de Buster Keaton qui devait à Fatty d’avoir embrassé ce métier d’y avoir rencontré le succès. A ce splendide scénario, relatant plutôt fidèlement les faits, viennent s’ajouter les dessins pleins de vie aux magnifiques couleurs issues d’une jolie palette d’aquarelles de Nadar. Vous n’aimez pas la BD ? Vous lui préférez des romans ? Essayez donc ce roman graphique. Il serait étonnant que vous ne soyez pas conquis !BDGest 2014 - Tous droits réservés