Résumé: La Famille Carter est considérée, a juste titre, comme un des piliers de la musique country moderne. De 1926 à 1943, les trois membres de la famille Carter furent célèbres pour leurs arrangements de chansons folk traditionnelles, souvent glanées par A. P. Carter lui même lors de pérégrinations dans les Appalaches. La première famille de la musique country a laissé une trace indélébile dans l'histoire de la musique. Frank M. Young et David Lasky nous o rent aujourd'hui leur biographie. La Famille Carter est en chantier depuis un certain moment à la Pastèque. Nous sommes très heureux d'o rir la version française de ce livre que nous considérons comme un titre fort. Nul besoin d'aimer la musique country pour apprécier La Famille Carter.
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rintemps 1914, dans les vertes collines du sud de la Virginie, Alvin Pleasant Carter – jeune fermier un peu godiche mais fin mélomane – tombe sous le charme d’une voix mélodieuse reprenant un air familier. Il s’agit de Sara Dougherty, qu’il épousera bientôt, avant de fonder « the Carter Family » avec leur cousine Maybelle. Vivotant péniblement pendant des années, donnant parfois de petits concerts, le trio participe à une première séance d’enregistrement en 1927, mais ne connaîtra que lentement et tardivement le succès, via leurs prestations quotidiennes sur les radios périphériques à la fin des années 30. Rapidement accompagnés par leurs enfants et leurs nièces, c’est tout une dynastie de musiciens qui finira ainsi par s’imposer comme une référence fondatrice de la country-music.
Conçue comme un recueil de chansons, cette biographie s’égrène au fil d’une quarantaine de courts chapitres, contant l’histoire familiale comme autant d’anecdotes. Malgré le caractère un peu artificiel et guindé de l’exercice, le récit se déroule naturellement, de manière fluide et plaisante, laissant même affleurer l’émotion par moment. Centrée essentiellement sur le personnage d’A.P. Carter, ses débuts âpres et difficiles, son ardeur dévorante pour la sauvegarde du patrimoine folklorique, l’arrivée progressive de l’industrie du disque, cette œuvre ne verse nullement dans la célébration servile. Personnage froid et peu sympathique qui fait souvent passer sa passion et son ambition avant sa famille, le héros est rarement montré sous un jour flatteur - mise à part son amitié avec Lesley Riddle, brisant la ségrégation raciale alors en vigueur.
Illustré sobrement d’un trait semi-réaliste qui s’inscrit parfaitement dans la tradition de l’underground américain, trait fin légèrement tremblotant, ombrages hachurés, personnages raides, couleurs sobres en aplat, l’album emprunte aussi aux codes graphiques des comics strips des années 30 un certain côté cartoonesque – dessin naïf, attitudes chaloupées – qui colle bien au sujet. Cet aspect, ainsi que la documentation rigoureuse et approfondie rassemblée par les auteurs, en font une lecture à même de séduire aussi bien le spécialiste en musique folk que le néophyte complet.