Résumé: Après la pseudo-science Darryl Cunningham se confronte dans Fables Psychiatrique aux préjugés sur les maladies mentales. Avec le même brio et sens de la synthèse que dans Fables Scientifiques, il analyse les a priori qui touchent les personnes atteintes de ces troubles.
Fables psychiatriques s'appuie sur l'expérience d'aide-soignant de Darryl Cunningham dans un service psychiatrique pour donner une image raisonnée du monde de la maladie mentale. Dans chaque chapitre, l'auteur explore un problème de santé mentale différent (troubles bi-polaires, dépressions, schizophrénie, etc ...), en décrivant l'expérience de la maladie mentale, tant du point de vue des malades que de leurs amis, de leurs parents et des soignants. Cunningham montre aussi comment la perception de la maladie mentale dans la société engendre une stigmatisation et une discrimination infondées, comme le mythe selon lequel les personnes schizophrènes sont plus susceptibles de commettre des crimes que les non-schizophrènes. Souffrant lui-même de dépression chronique, il démystifie habilement ces troubles, qu'une proportion importante de la population de nos sociétés vit au quotidien (selon l'OMS, le trouble mental serait la cause la plus importante d'invalidité de par le monde, et on estime qu'environ 15% de la population française souffre de troubles mentaux).
A
vant de devenir bédéaste, Darry Cunningham avait entamé une carrière d'infirmier en soins psychiatriques. Même s'il n'a pas persévéré dans cette voie, il a décidé de mettre à profit son expérience pour présenter le monde mal connu des troubles mentaux. À ce propos, il écrit justement dans son introduction : « Fables psychiatriques a pour vocation de bousculer les préjugés. Ce qui est nécessaire, car la peur et l'ignorance liées aux maladies mentales restent largement répandues dans nos sociétés. »
L'auteur de Fables scientifiques passe en revue, avec une précision toute médicale, un vaste catalogue de diagnostics en les illustrant par une série de cas tirés de ses années sur le terrain : démences, automutilations, dépression, trouble bipolaire, schizophrénie... Assurément, une longue liste à ne pas conseiller à un hypocondriaque ! Plus synthétique et systématique que Miranda Burton (Cachés), moins cru que le duo Dav Guedin/Craoman (Bray-Dunes 1999), le scénariste partage néanmoins avec eux la même empathie envers ceux qui sont, on l'oublie souvent, des patients comme les autres.
L'intention est bonne, mais la forme s'avère malheureusement bien frustre. De son propre aveux, Cunningham n'est pas le plus grand des dessinateurs. Son trait reste trop schématique et, plus grave, très inconstant d'une page à l'autre. Par moments, seuls les textes permettent de suivre l'action. De plus, la narration, oscillant entre description des symptômes et témoignages, ne trouve jamais son véritable rythme. L'information est là, mais mal agencée. À lire en connaissance de cause.