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- La chronique
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Par M. Natali
L
a Bataille de Fableville remportée, les habitants attendent dans l’effervescence les prochaines élections municipales, tandis que dans une sombre cave, leur shérif cuisine les agents de l’Ennemi pour en connaître l'identité. Le jour J, sûr de l'emporter, le Prince Charmant se pavane et le roi Cole se morfond seul parce que ses proches sont tous allés assister à la délivrance de Blanche Neige. L’accouchement n’en finit pas et pour cause ! C’est à toute une portée que l’adjointe du maire sortant donne le jour… Malheureusement, les rejetons de sa relation avec Bigby n’ont guère l’apparence humaine et la jeune parturiente est rapidement obligée de partir à la Ferme pour les élever, alors que son amant quitte Fableville désormais sous la coupe de Charmant. Celui-ci ne tarde pas à découvrir tous les inconvénients de sa nouvelle charge, comme respecter ses belles promesses aux habitants, résoudre le mystère de plusieurs morts par asphyxie et faire la lumière sur la disparition de Blue Boy...
Décliné en trois grandes parties, ce sixième tome de Fables emporte une nouvelle fois le lecteur dans l’univers revu et visité des personnages de contes de fée qu’il connaît bien, ou un peu moins. Dans un premier temps, Bill Willingham met en scène une Cendrillon comme on ne l’a jamais vue : accorte, usant de ses charmes pour obtenir des renseignements, bref, espionne chic et de choc. Ce court récit jette ainsi la lumière sur les méthodes plus ou moins orthodoxes du shérif de Fableville tout en proposant l’analyse personnelle de la fille à la pantoufle de vair sur les amours volages du Prince Charmant. « Récits de guerre » offre ensuite un épisode guerrier de la vie de Bigby Wolf qui n’a rien de vraiment original au regard d’autres productions sur les opérations américaines lors du deuxième conflit mondial. Professeur fou, officier nazi givré qui a un plan d’enfer pour vaincre le Loup américain qui sévit sur le champ de bataille, apparition du monstre de Frankenstein ne parviennent pas à tenir réellement en haleine et à susciter beaucoup d’intérêt. En revanche les quatre chapitres de « Cruelles saisons », donnant son titre à l’album, renouent directement avec le cœur du propos, en utilisant l’accouchement de Blanche Neige et les élections municipales comme fil rouge. L’intrigue évolue pour notre plus grand plaisir et on assiste aux changements annoncés précédemment, pour le meilleur et surtout pour le pire. Entre la maternité de l’ex-assistante du maire sortant, les problèmes rencontrés par Charmant et ses sous-fifres pour gérer la ville, ainsi que les mystérieux meurtres, l’histoire suit un rythme soutenu. Sans parler des surprises, de taille, qui émaillent le scénario. Côté dessin, la très poétique couverture de James Jean fait presque regretter, comme à chaque fois, que le reste de l’album ne soit pas du même acabit. C’est donc sans surprise qu’on retrouve les graphismes combinés typiques des comics de Mark Buckingham et Tony Akins, joints aux couleurs classiques de Daniel Vozzo
Cruelles saisons confirme, s'il en était encore besoin, la bonne tenue d'une série qui emporte à chaque tome l'intérêt de ses lecteurs, grâce à un récit toujours passionnant et une mise en scène réussie de personnages bien connus.
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