Résumé: Une rue passante, un meeting politique, une banlieue, un bureau de tabac, les couloirs du métro, des bouts de de vies ponctués ou rythmés de minuscules lâchetés, de grandes toutes petites solitudes et de menu faux-pas. Autant de petits riens duquel Chabouté tisse pourtant des récits d’une grande profondeur. En poète anthropologue, simple témoin ou spectateur, il s’empare de la banalité des accrocs du quotidien pour dépeindre, sans jugement ni morale, des instantanés de vie : parfois amers, toujours justes, profondément humains.
Près de 10 ans après le premier volume de Fables Amères, Chabouté renoue avec la nouvelle de bande dessinée et nous livre, sur 104 pages, 11 histoires courtes laissant entrevoir son formidable talent à faire parler les silences.
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lus discret ces dernières années, son adaptation de Moby Dick date de 2014, Christophe Chabouté propose une nouvelle série de Fables amères avec Détails futiles. Petits clins d’œil amusés ainsi que quelques doigts pointés vers l’humanité de ses contemporains ou son manque, l’auteur de Tout seul ne joue pas pour autant au maître d’école. Touché et profondément irrité, il est surtout gêné par les absurdités de cette société qui peine à voir plus loin que les pixels des écrans.
Tout le monde, d’une manière ou d’une autre, a été témoin des situations décrites dans cet ouvrage. La bêtise des discours haineux, le refus d'accepter la réalité des perdants, la violence feutrées et insidieuse du matérialisme qui endort les sens et émousse l’esprit critique, l’oubli de soi et des autres, nous en sommes tous là. Coupables par omission ou par facilité, il ne reste que l’artiste pour tenter de nous réveiller. Rarement un album aura aussi bien porté son nom.
Le résultat est évidemment poignant et gorgé de vérités. En revanche, la majorité des anecdotes manque d’originalité et souffre d’un sentiment de déjà-vu, comme ces effets de zooms dévoilant une réalité à mille lieux des promesses publicitaires ou les limites du patriotisme myope et bien pensant. La démarche est des plus sincères et n’appelle à aucune discussion. C’est juste dommage que les scénarios et, particulièrement, leurs chutes n’arrivent pas à éclairer adéquatement ces colères ô combien nécessaires.
Personnages aux regards déterminés ou perdus, cadrages audacieux et un N&B toujours aussi envoûtant, le talent de bédéiste de Chabouté est toujours là. Cependant, très convenu dans son contenu, ce second tome des Fables amères n’apporte rien de nouveau ou de vraiment percutant.