Résumé: Lombardie, Toscane, Sicile
5 récits
Les choses cachées
Les peuples anciens sont en paix. Le mal ressurgi sous la forme d'un énorme sanglier.
Les hommes se rassemblent pour tuer la bête.
Le chamane sait bien que le désir de tuer dort d'un sommeil léger et ne demande qu'à se réveiller.
Une bête meurt, une autre s'éveille.
Le manteau de Saint Martin
1258, des soudards massacrent de villages et dressent des bûchers pour combattre une hérésie naissante.
Deux enfants s'enfuient dans la forêt, poursuivis par des spadassins. Ils pensent trouver le salut dans une chapelle isolée dédiée à Saint Martin.
Ivres de sang, les soldats sont sur leurs talons...
Fable Toscane
Dans un village toscan, au XIXème siècle, on est bien loin des changement politiques qui secouent l'Italie.
Maître Domenico, le vieux menuisier du village fait la classe aux enfants.
C'est un brave homme tranquille, qui paye ses taxes et accepte les œufs en paiement de son travail.
Epuisé par une promenade, il s'endort sous un arbre.
A son réveil, il trouve que bien des choses ont changé au village. Les gens ne le reconnaissent pas,
le grand Duc de Florence a été renversé, la monnaie n'est plus la même...
Tout cela va lui causer biens des ennuis.
Quoi de plus banal qu'un incendie
Un série d'incendies mystérieux se déclarent dans une bourgade.
La psychose s'installe, il faut trouver le coupable...
Roland viendra
Où il est question de paladin, de combats héroïques, de choc de civilisations,
de magie, de traitrise et de Roland, le sauveur qui se fait attendre... attendre...
Roland viendra. C'est juste qu'il n'est pas prêt.
L'album s'ouvre sur "Les choses cachées" un récit sur l'irrépressible instinct de tuer chez l'humain, mais ici la victime est un sanglier, et le meurtre n'est qu'une partie de chasse. Banalité du mal, donc, et tout le tragique de l'effroi de la mort dans l'oeil du sanglier cerné par ses bourreaux saisis dans leurs paisibles travaux quotidiens.
Mais bourreaux !
Le récit suivant, "Le manteau de Saint Martin" offre quelques belles gueules d'assassins et de soudards pratiquant une autre traque : la chasse à l'homme !
Mais c'est avec "Fable de Toscane" que l'album expose plus longuement cette thématique existentielle. Le savetier de La Fontaine est ici menuisier, et l'iniquité de l'impôt des puissants le mène à une évasion spectaculaire dans le temps, avec une fin ouverte sur tous les possibles, et une morale à usage du lecteur ému.
Ce récit se décline en découpages classiques, une rupture avec les éclatements centrifuges habituels chez Toppi, et qui font danser la page : c'est qu'ici la fable est paisible et la narration chemine tranquillement au rythme de la vie bien réglée de ce héros, simple artisan. Une fable sur le temps comme échappatoire, un récit sur les bienfaits de la mort douce alors que l'injustice perdure pour les vivants.
Le récit suivant montre en gros plans successifs la peur qui saisit un village où rôde un incendiaire inconnu, mais que tous les villageois connaissent...
Quant au dernier chapitre, c'est une variation héroïque sur la Geste de Roland le preux, qui se termine en farce. Une chute qui cueille le lecteur à froid car jusqu'à la dernière page il baignait dans la chaleur des compositions hardies de Sergio Toppi, saturées du cliquetis des épées et des armures, portées par le tragique et le fantastique...avant que l'illusion disparaisse brutalement !
Jean-François Douvry