L
ointain parent de la famille Poissart (Didier Tronchet) et sûrement ancien camarade de promo de Dilbert et Wally (Scott Adams), Martin Grospeiller ne fait pas vraiment partie des winners de la société d’aujourd’hui. Socialement inapte et intellectuellement ailleurs (histoire de rester poli), il fait ce qu’il peut pour mener sa vie. Afin de meubler sa solitude, il a un chat et s’est récemment acheté une poupée gonflable qu’il a surnommée Wilson. Au retour des vacances, il hésite entre s’engager dans le terrorisme ou, si ça ne marche pas, d'inviter la jolie secrétaire qui travaille à ses côtés. On verra bien.
Ironie grinçante, deuxième degré façon Deschiens et, mine de rien, un portrait dramatique de quelques traumas de l’époque, L’existence relativement sordide de Martin Grospeiller suit ce héros de rien dans ses occupations quotidiennes. Lénaïc Vilain (Bons baisers d’Iran) ne lui épargne rien, mais il faut bien l’avouer, Martin ne fait pas beaucoup d’efforts non plus. Cependant, sa maladresse chronique et son aplomb inébranlable face à l'adversité finissent par le rendre presque attachant. Techniquement, l’auteur exploite très adroitement les possibilités narratives du strips. Il utilise à bon escient les quatre cases à sa disposition et surprend souvent le lecteur avec des chutes inattendues et évidemment très drôles.
Réalisation graphique d’excellente tenue, très bonne gestion d’un format exigeant et certainement plus profond que pourrait suggérer au premier abord son humour vachard, L’existence relativement sordide de Martin Grospeiller s’avère être une agréable surprise de ce début d’année.