Résumé: De nos jours en France, Christophe Murrat et sa famille sont originaires de Mulhouse. Deux semaines auparavant, ces citoyens français étaient concentrés sur leur quotidien et une vie sans histoire. Depuis, tout cela a disparu. Ils ont tout perdu.Un groupe islamiste inconnu jusqu'à présent a revendiqué un attentat-suicide sur la centrale de Mosseheim, en Alsace, provoquant une catastrophe nucléaire majeure et faisant basculer cinq millions d'Européens dans le cauchemar.Avec de nombreux exilés, la famille Murrat arrive en Suède ? qui s'est montrée une superpuissance humanitaire lors de la crise syrienne ? dans un des camps géants qui sont montés de toute urgence à travers l'Europe avec le soutien de l'UE.Son nouveau quotidien : s'adapter, survivre, dans ce qui sera à terme le plus grand camp de réfugiés du continent...Une fable politique et sociale conçue par le célèbre scénariste Sylvain Runberg et son compère d'écriture Olivier Truc, journaliste et romancier, et mise en image par le talentueux Julien Carette, auteur du Bourreau chez Delcourt et de Nomad 2.0 avec Jean-David Morvan chez Glénat.
L
orsqu’explose la centrale nucléaire de Mulhouse, la thèse de l’attentat terroriste est immédiatement retenue. Dans les jours suivants, des centaines de milliers de Français, Allemands et Belges sont accueillis dans un immense refuge en Suède. Christophe Murrat, un restaurateur venant tout juste d’obtenir une étoile au Michelin, s’y trouve avec femme et enfants. La vie y est rude. Au menu : dissensions familiales, promiscuité, tensions raciales, sans oublier les victimes d’irradiation qui se meurent. Les autorités tentent tant bien que mal de maintenir l’ordre dans ce lieu où tous ont compris que leur vie ne serait plus jamais la même. Start-Up City, une initiative privée validée par l’Union européenne cherche du reste à développer le potentiel économique du camp.
Sylvain Runberg et Olivier Truc signent un scénario convaincant. Le tandem a réduit au minimum les pages consacrées à l'accident et à la migration pour se concentrer sur les affres de la cohabitation. Comme dans tout récit apocalyptique, les survivants ont tôt fait de se polariser et de s’affronter pour accaparer des ressources forcément restreintes, par exemple une bicoque avec salle de bain et chambre.
Les auteurs distillent par ailleurs des indices conduisant à une deuxième trame narrative, à savoir les enjeux géopolitiques liés à la catastrophe. Dans la toute dernière portion de l’album, ils s’éloignent du terrain pour présenter un président français, ses conseillers et ses faiseurs d’images aux abois. Cet exposé se révèle du reste plus intéressant que le quotidien des migrants ; il pique la curiosité du lecteur et attise l’intérêt pour la deuxième partie du diptyque.
Julien Carette adopte un trait réaliste pour illustrer cette histoire. Bien que les personnages soient nombreux, il s’assure que tous se montrent aisément reconnaissables. Certains acteurs ont cependant tendance à surjouer. Le découpage apparaît créatif, sans pour cela entacher la lisibilité de l’ensemble. Pour tout dire, l’artiste semble humblement mettre ses pinceaux au service de la narration et le bédéphile s’attarde finalement assez peu à son travail.
Après avoir vu les camps de réfugiés africains et moyen-orientaux aux journaux télévisés, l’Occidental réalise qu’il suffirait d'un coup du sort pour qu’il se trouve de l’autre côté de la clôture, avec ceux qui essaient de survivre et de conserver un semblant de dignité. Ce renversement de perspective constitue une agréable surprise.
Les avis
Erik67
Le 22/03/2024 à 07:36:43
Cette BD joue sur les peurs des gens par rapport à la menace nucléaire qui n'est pas exempt d'un affreux attentat terroriste islamiste. Cela se passe en Alsace dans ma région ce qui me parle encore plus. Mossenheim, c'est en réalité Fessenheim.
5 millions de gens sont obligés de fuir la zone contaminée entre la Suisse, l'Allemagne, la Belgique et notre pays ce qui va provoquer des remous dans toute l'Europe. Direction la Suède qui va accueillir dans un gigantesque camp de fortune des européens de plusieurs nationalités qui rejettent la faute sur les français comme s'ils étaient réellement responsables de cette situation désastreuse. Dans le malheur, on cherche souvent des coupables.
Les tensions vont être à leurs combles dans cette crise migratoire purement européenne. C'est surtout la gestion des conflits de ce camp sur le point de se révolter qui occupera une grande partie de l'album au détriment de l'intrigue principal qui ne nous montre pas réellement ce qui se passe réellement.
Certes, on verra une partie plus politique avec un Président de la République ressemblant comme deux gouttes d'eau à Emmanuel Macron qui ordonne à son Ministre de l'Intérieur de tuer le gêneur afin que la vérité ne soit pas révélée au grand public. [masquer] En effet, on apprendra qu'il s'agit d'un défaut de matériaux provenant d'un sous-traitant ayant entraîné une réaction en chaîne et non un attentat pour accuser les islamistes qui ont bon dos. [/masquer]
Je trouve que c'est une bonne idée de traiter ce sujet dans une BD pour savoir un peu à quoi s'attendre dans pareil cas. Cependant, l'exploitation de l'idée aurait pu être mieux mené, c'est certain. On tombe dans une absence totale de subtilité notamment au niveau de la réaction des personnages Christophe et Sandra qui font face à cette situation de manière tout à fait exaspérante.
Un mot sur le graphisme pour dire qu'il est réaliste et qu'il rend la lecture assez avenante. Il y a une bonne utilisation de la colorisation qui ne vient rien gâcher bien au contraire. C'est impeccable au niveau du trait. On notera également un découpage plutôt classique.
On va attendre la suite pour se faire une idée plus précise. Tout dépend comment cela va évoluer au juste.