Le 25/07/2025 à 11:39:15
Habitant tous deux en Suède, le scénariste Sylvain Runberg et le journaliste Olivier Truc collaborent depuis plusieurs albums sur des sujets de politique-fiction. Ils expliquent en préface que le projet remonte à 2015 et trouve son origine dans la vague migratoire que les pays d’Europe du Nord et du Centre ont dû gérer, avec les conséquences politiques majeures qui arrivent aujourd’hui avec la montée de l’extrême droite dans des pays où il n’existait pas. C’est le moment de vous avertir sur le sujet de l’album qui ne porte aucunement sur l’accident nucléaire et ses conséquences comme je l’avais cru de prime abord, mais bien (et de façon insistante) sur la problématique des réfugiés, de leur accueil et de la cohabitation avec les populations autochtones. Pour faire bref, l’unique concept de l’album est l’inversion des rôles, faisant des français des réfugiés subissant les affres du confinement et de la gestion de la pénurie. L’idée, guère original, est intéressante, pour peu qu’elle soit développée. Et c’est à que le bas blesse dans ce double album, bien trop long, qui adopte une approche journalistique avec une construction par trop étroite. S’ouvrant sur l’avant accident en compagnie de la famille que nous allons suivre tout le long, l’intégralité de l’album se déroule dans le huis clos du camp, avant de basculer brutalement en fin d’album à Paris sur les conséquences politiques de l’évènement au milieu des membres du gouvernement. Maladroitement, les auteurs insistent sur la souffrance psychologique d’être déraciné, de risquer la mort du fait des radiations, invisibles, associée à l’inimitié pas très subtile de bande d’allemands racistes. Cerise sur le gâteau, ils créent un drame familial inintéressant qui ne fait qu’ajouter du pathos avec des personnages avec lesquels on a du mal à avoir de l’empathie. Quelques séquences suivant les problématiques de la gestion du camp sont intéressantes, avec notamment l’immiscions d’entreprises fleurant une main d’œuvre nécessiteuse et peu chère, et des éléments de thriller suivant de mystérieuses agressions laissent espérer une intrigue à laquelle s’accrocher. Hésitant à traiter le sujet dans un aspect documentaire, les auteurs restent à la marge du thriller d’anticipation sans grand chose pour aboutir et nous balancent un complot politique en toute fin d’album, qui tombe comme un cheveu sur la soupe et rate l’effet cliffhanger recherché. Appuyé sur des dialogues très peu subtiles et un dessin mal à l’aise dans une pauvreté de décors difficile à varier pour le dessinateur, ce premier tome est pas loin du ratage en restant à la base de son concept sans trop savoir qu’en faire. Plus récemment l’Islander de Ferey et Rouge traitait d’une autre manière un sujet proche, avec une implication émotionnelle bien plus intense et une narration bien plus intéressante. Le second tome arrive à la rentrée après deux ans de gestation. A moins d’un sursaut scénaristique il est peu probable qu’il fasse partie des cartons du tunnel automnal…Le 22/03/2024 à 07:36:43
Cette BD joue sur les peurs des gens par rapport à la menace nucléaire qui n'est pas exempt d'un affreux attentat terroriste islamiste. Cela se passe en Alsace dans ma région ce qui me parle encore plus. Mossenheim, c'est en réalité Fessenheim. 5 millions de gens sont obligés de fuir la zone contaminée entre la Suisse, l'Allemagne, la Belgique et notre pays ce qui va provoquer des remous dans toute l'Europe. Direction la Suède qui va accueillir dans un gigantesque camp de fortune des européens de plusieurs nationalités qui rejettent la faute sur les français comme s'ils étaient réellement responsables de cette situation désastreuse. Dans le malheur, on cherche souvent des coupables. Les tensions vont être à leurs combles dans cette crise migratoire purement européenne. C'est surtout la gestion des conflits de ce camp sur le point de se révolter qui occupera une grande partie de l'album au détriment de l'intrigue principal qui ne nous montre pas réellement ce qui se passe réellement. Certes, on verra une partie plus politique avec un Président de la République ressemblant comme deux gouttes d'eau à Emmanuel Macron qui ordonne à son Ministre de l'Intérieur de tuer le gêneur afin que la vérité ne soit pas révélée au grand public. [masquer] En effet, on apprendra qu'il s'agit d'un défaut de matériaux provenant d'un sous-traitant ayant entraîné une réaction en chaîne et non un attentat pour accuser les islamistes qui ont bon dos. [/masquer] Je trouve que c'est une bonne idée de traiter ce sujet dans une BD pour savoir un peu à quoi s'attendre dans pareil cas. Cependant, l'exploitation de l'idée aurait pu être mieux mené, c'est certain. On tombe dans une absence totale de subtilité notamment au niveau de la réaction des personnages Christophe et Sandra qui font face à cette situation de manière tout à fait exaspérante. Un mot sur le graphisme pour dire qu'il est réaliste et qu'il rend la lecture assez avenante. Il y a une bonne utilisation de la colorisation qui ne vient rien gâcher bien au contraire. C'est impeccable au niveau du trait. On notera également un découpage plutôt classique. On va attendre la suite pour se faire une idée plus précise. Tout dépend comment cela va évoluer au juste.BDGest 2014 - Tous droits réservés