L’été commence et Eva est en vacances à la campagne chez sa grand-mère, une vieille dame légèrement loufoque. Elle y retrouve une tante qui referme systématiquement les portes et un grand-père banni de la maison familiale… Une famille à part mais attachante ! La jeune fille dresse dans son journal intime des listes de choses qu’elle trouve étranges et rencontre ses amis Lucy et Tobias le reste du temps, discutant et jouant pour passer le temps. Cet été sera différent pour elle… Une nouvelle étape dans sa vie s’annonce timidement, un tournant irrémédiable qui va la faire entrer dans le monde des adultes.
Eva aux mains bleues se lit comme un poème d’adolescent, sans prétention et sans emphase, avec l’innocence et la naïveté de croire que le monde nous appartient. Isabelle Dethan raconte un moment important de la vie d’une jeune fille, pressée de devenir grande, pressée de ressembler à sa mère. Des doutes lui traversent l’esprit sans cesse et l’obligent à lutter en permanence contre ses propres contradictions. Evoquer le basculement de l’enfance vers l’adolescence n’est pas un thème aisé à mettre en images et, pourtant, la dessinatrice réussit son pari, sans sombrer dans le vulgaire et les inévitables poncifs qui caractérisent ce genre de récit. Au contraire, elle reste pudique et rien n’est obscène, même les instants les plus saugrenus. Eva a ses premières règles et cela nous semble presque normal tant la narration, fluide et aérée, nous tire vers ce moment unique dans la vie d’une fille. La force de cet album ne réside donc pas dans le dessin ou le découpage, somme toute classiques, mais dans le propos de la dessinatrice et son point de vue, coquins et tendres à la fois. Un éclair de soleil…