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okolaï est russe. En 1980, c'est pour lui l'heure du service militaire. Il délaisse donc sa guitare et ses ambitions de chanteur de rock pour un séjour de deux ans en Afghanistan. Il va y perdre son innocence puis sa liberté. Prisonnier des moudjahidins, il va découvrir une autre façon de vivre et croiser la route de Christophe De Ponfilly.
Christophe De Ponfilly nous a quitté en mai 2006 après avoir terminé son premier long métrage "L'étoile du soldat". Journaliste ayant dévoué sa vie au reportage, celui du terrain et non du studio, il a passé la plus grande partie de sa carrière à conter le drame afghan et l'existence du commandant Massoud. L'étoile du soldat est le témoignage d'un petit moment de cette vie et de sa rencontre insolite avec un musicien russe rêvant d'étoiles et adopté par les afghans.
René Follet a donc adapté cette fiction en bande dessinée, faisant ainsi écho au film du journaliste sorti il y a près d'un an. Malgré l'hommage et un sujet si "noble", les talents de dessinateur de Follet ne réussissent pas à gommer toutes les faiblesses de cet album. Le récit souffre en effet d'une déficience d'homogénéité et de fluidité. Le personnage de De Ponfilly ne semble jamais faire partie du décor, il apparaît comme en surimpression, faussant sa véritable participation. Sentiment renforcé par sa voix off qui se démarque trop souvent des dialogues en assénant une belle vérité poétique sur fond de drame humain. Trop proche du reportage et trop loin de la fiction, ou l'inverse. La succession de scènes sans lien évident rend la lecture hasardeuse et dénature le réalisme. Un comble pour une aventure issue d'une telle réalité.
Le résultat n'est pas à la hauteur de l'homme qu'a été Christophe De Ponfilly et ne rend pas hommage à son travail. L'adaptation à tous les supports trouve ses limites, le seul intérêt réside dans l'envie d'en découvrir plus. Il faudra pour cela se tourner vers la bibliographie ou la filmographie du journaliste.
Les avis
Johnny Fletcher
Le 08/12/2021 à 00:39:59
Quel plaisir de retrouver l'art de René Follet. Il a un style si reconnaissable, si singulier, il est un illustrateur hors pair. Tout n'est pas parfait dans son dessin, il y a bien quelques maladresses ici ou là, les visages se ressemblent parfois, mais il y a surtout une telle vigueur dans son trait, un univers graphique qu'il impose à chaque détail de son dessin et qui ferait presque penser aux inflexions caractéristiques d'une voix qu'on reconnait aussitôt la première syllabe prononcée.
Tout ne fonctionne pas forcément dans cet album qui donne parfois l'impression d'être face à un récit erratique, parcellaire, sans doute à cause du découpage pas toujours fluide et de la complexité du travail d'adaptation du livre de Christophe de ponfilly. Mais qu'importent ces défauts et ces imperfections, l'histoire demeure profondément touchante, poignante même par moment, et l'on est bien obligé d'aimer cet album devant d'aussi évidentes qualités.
Erik67
Le 21/11/2020 à 16:23:49
Il est vrai que le dessin fait un peu vieillot alors que la bande dessinée a été publié en 2007. Je suis toujours surpris de voir de telles différences dans le traitement d'une oeuvre récente à l'autre.
Par contre, le sujet reste intemporel à savoir la destinée d'une jeune homme entraîné malgré lui dans un conflit qui le dépasse. En réalité, il va comprendre que l'ennemi n'est pas un démon. Il s'agit d'aborder le conflit afghan sous l'angle d'un jeune soldat russe contraint d'effectuer son service militaire. Cette bd est également le témoignage d'un journaliste qui a bien connu la région.
C'est tiré d'une histoire vraie ce qui renforce le caractère émouvant. Malgré toutes les faiblesses et les maladresses de cette bd qui fait un peu poésie de guerre, cela mérite une lecture pour nous souvenir que les conflits entraînent bien des ambiguïtés.
jeanabou
Le 07/10/2008 à 15:28:34
une bonne BD qui éclaire sur l'occupation par la Russie du territoire Afgan. On redécouvre la dureté de la guerre et ses ambiguités, alors que la France a perdu des soldats la-bas en septembre 2008. c'est aussi un hommage a Christophe de Ponfilly qui fut témoin de cette époque et qui est décédé en mai 2006.
voltaire
Le 09/05/2008 à 22:09:03
Comment ne pas penser à Christophe de Ponfilly en ouvrnt ces pages. Christophe de Ponfilly dont la vie a basculé quand il est allé faire son métier de journaliste dans les hauteurs glacées afghanes.
Nous lui devons plusieurs documentaire et un superbe film sur Massoud, le lion du Panshir. Ce film, tout à fait superbe, décrivait la lutte des moudjahidines et mêlait des réflexions personnelles sur la vie et la mort (le cinéaste apprit la mort de son père alors qu'il était aux côtés de Massoud). C'était prenant. Le film récolta d'ailleurs 4 récompenses internationales
Journaliste accompli, lauréat de plusieurs grand prix (dont le prix Albert Londres en 1985) Christophe a voulu scénariser un certain nombre d'horreurs qu'il avait vu là-bas. Il en fit un film sorti en novembre 2006 et une BD, celle-ci, publiée en 2007.
Entre temps, bouleversé, il avait décidé d'en finir avec la vie, c'était en mai 2006; il n'avait que 55 ans.
Cette BD qui raconte la vie de Nikolai, jeune soldat russe de 20 ans envoyé en Afghanistan et fait prisonnier par ses ennemis qui deviendront ses amis puis ses bourreaux est à l'image de la vie de Ponfilly : pleine et bouleversante.