Résumé: Suite aux révélations faites à la fin du tome 2, le Bouffon se retrouve bien seul. C’est donc en solitaire qu’il s’embarque dans une quête qui le mènera dans des régions inexplorées de l’Obscur : l’aventure en haute mer l’attend !
À la recherche de son amour perdu, il découvrira une armée de poupées délaissées… Amies ou ennemies ?
A
près l’éclatement du petit groupe des jouets – Percy, Quackers et Harmony d’un côté, Bouffon en solitaire, Princesse dans le camp des Peaux-Rouges et Maxwell propulsé roi du zoo –, les événements se précipitent au royaume du Croquemitaine… Le trio est escorté vers la sortie de l’Obscur par une escouade d’animaux aux ordres de Max, périple bien incertain sur ces terres inhospitalières. Bouffon, toujours en quête de son amour perdu, rencontre la belle et triste Rebecca, imprévisible reine d’une communauté de poupées abandonnées, puis son double féroce et indomptable, le Spectre Rieur. Pendant ce temps, le garçon file vers la réserve indienne, à bord du train qui l’éloigne des griffes de son ravisseur. Qui l’éloigne ? Vraiment… ?
Petite bombe passée relativement inaperçue, le premier volet de L’étoffe des légendes narrait l’odyssée de ce jeune garçon – enlevé par le Croquemitaine – et de ses jouets favoris se précipitant à son secours dans le monde cauchemardesque de l’Obscur. Un deuxième opus tout aussi saisissant détaillait leurs aventures, analysait les dissensions grandissantes au sein de l’équipe, les manœuvres perfides du maître des lieux… Las, ce troisième tome, en s’évertuant à suivre une intrigue éclatée, peine à maintenir le niveau de tension et l’intensité dramatique des recueils précédents. Principalement axé sur le Bouffon, occultant totalement l’ours Max, mais multipliant les transitions d’un lieu à l’autre, le découpage habituel en chapitres tourne ici à vide, ne parvenant que rarement à donner du rythme à l’histoire.
La déconvenue est d’autant plus cinglante que le graphisme reste d’un niveau remarquable. Déclinaison virtuose de crayonnés appuyés, explorant toutes les teintes de bistres, alternant gros plans et vues panoramiques avec dynamisme, le dessin de Charles P. Wilson III est l’atout majeur de cette série. Son aptitude à insuffler la vie aux objets inanimés, à décrire cet univers fantasmatique, à incarner l’étrange malaise des peurs enfantines, débouche pourtant sur un tableau réaliste : un Pays des Merveilles morbide et délétère.
À défaut de convaincre pleinement par son scénario, Une histoire de fou ravit par la magnificence du voyage baroque auquel est convié le lecteur. En espérant que les deux albums encore à paraître renoueront avec la qualité narrative des premiers.