Résumé: Juillet 1830. En quelques jours, quatre rois se succèdent sur le trône.
L'Ancien Régime s'accroche au pouvoir quand le peuple de Paris se soulève sous une chaleur caniculaire. Bourgeois et élus, tergiversent : qui, de la vieille garde incarnée par Talleyrand ou des jeunes ambitions incarnées par Thiers, saura trouver une issue à trois jours d'émeutes sévèrement réprimées ?
Juillet 1830. L'Ancien Régime s'accroche au pouvoir et tente un retour à l'absolutisme. Le peuple de Paris se soulève, guidé par la Liberté, sous une chaleur caniculaire. Les nouvelles élites, bourgeois et élus, tergiversent.
Qui, de la vieille garde incarnée par Talleyrand, de tous les combats depuis des décennies, ou des jeunes ambitions incarnées par Adolphe Thiers, saura trouver une issue à trois glorieuses journées d'émeutes très sévèrement réprimées ?
En quelques heures quatre rois, comme quatre hypothèses, se succèdent : changement d'époque.
E
n ce 25 juillet 1830, dans son château de Saint-Cloud, Charles X vaque sereinement à ses occupations : il assiste à la messe, va à la chasse et signe quelques ordonnances. Ces dernières visent à mettre un terme à la liberté de la presse, jugée subversive, donc dangereuse pour le pouvoir. Le roi est sûr de son action et de sa légitimité. Même s’il se remémore, dans un instant de lucidité, le sort qui a été réservé à son frère, Louis XVI, il délègue, donne des consignes et envoie son gouvernement à l’affrontement. Il ne saisit pas qu’il minimise l’effet de ses décisions, que ses ministres lui mentent et que le peuple, toujours à la limite de la famine, gronde. Alors que le monarque est absorbé par une partie de carte, la presse décide de désobéir et les premiers pavés parisiens sont descellés. La classe politique est elle-même instable : tout le monde n’a pas digéré la Révolution ou le départ de Napoléon. Le début de la conquête de l’Algérie occupe les esprits. Les Bourbons sont toujours regardés avec envie par la branche des d’Orléans. Le règne de Charles X vit ses dernières heures.
Le scénariste Hervé Loiselet (le créateur de Bodoï) et le dessinateur Antonin Dubuisson (Manolis) adaptent le roman éponyme de Camille Pascal, qui reçut le Grand Prix du roman de l’Académie Française en 2018. L’œuvre invite à une immersion dans une des révolutions les moins connues et dans une époque souvent délaissée par la mémoire collective et scolaire, à savoir les décennies s’étendant entre les deux Empires. L’action détaille le chaos politique qui a secoué Paris entre le 25 juillet et le 1er août 1830, en huit chapitres intitulés avec humour et cynisme (« Le messe est dite », « Sang d’encre » ou « Le peuple roi »). C’est un entrelacs de colère de rue, de négociations de boudoirs, d’associations éphémères, de trahisons brutales, de rancunes tenaces et d’erreurs stratégiques. De grandes figures historiques y prennent vie, de l’indéboulonnable Talleyrand au jeune et ambitieux Adolphe Thiers.
Le récit trouve son équilibre entre pointillisme historique et humour subtil. Les dialogues, ciselés, rendent compte à la fois des personnalités, des doubles sens de certaines affirmations et d’une situation sociale qui se dégrade de jour en jour. Le dessin, quant à lui, n’est pas sans rappeler les gravures qui fleurissaient alors dans les journaux, par le choix des teintes et textures. Les visages sont expressifs, les corps en mouvement, les paysages suggestifs. Ces éléments créent un graphisme de caractère, original et adapté à l’intrigue. C’est une belle opportunité de comprendre les conditions dans lesquelles est apparue la Monarchie de Juillet et pourquoi la démocratie a été si longue à s’établir, dans ce XIXè siècle plus troublé politiquement qu’il n’en a l’air.
Les avis
Erik67
Le 11/06/2024 à 07:28:19
J'avoue avoir été un peu déçu par cette BD qui raconte la Révolution de Juillet 1830 qui a été confisqué par des hommes de l'ombre comme Talleyrand pour donner le pouvoir d'une branche familiale de la royauté française à une autre.
En effet, il faut savoir que depuis Louis XII, il y a deux branches : celle des Bourbons dont le dernier roi est Charles X, l'un des frères de Louis XVI et la branche des Orléans dont est issu Louis-Philippe 1er, le grand bénéficiaire de cette révolution de Juillet. Bref, on remplace un roi par un autre roi.
On se rend compte à quel point, le roi Charles X ne vivait plus dans son siècle et n'était plus en phase avec les aspirations de son peuple. Son aveuglement a d'ailleurs été complété par des ministres totalement incapables dont le premier d'entre eux à savoir Jules de Polignac qui n'aura de cesse de mentir sur la gravité de la situation. La chute de ce roi ultra-royaliste et conservateur de la Restauration en sera plus dure.
Il a fallu qu'il promulgue des ordonnances qui n'allaient pas dans le sens de la liberté de la presse et du peuple pour que pendant trois jours qu'on a appelé « les trois glorieuses » (à savoir les 27, 28 et 29 juillet 1830), une révolution éclate dans Paris. C'est ce que raconte dans le détail cet ouvrage historique. Les Libéraux ont gagné mais pas les Républicains.
Le titre est un peu trompeur car on ne verra pas la succession des 4 soi-disant rois. L'histoire a juste retenu un passage entre Charles X et Louis-Philippe 1er qui ne fera d'ailleurs guère mieux que son prédécesseur conduisant à la Seconde République puis au Second Empire. Louis XIX par exemple n'a jamais été reconnu roi et encore moins son neveu le comte Henri d'Artois, 9 ans, qui a fui vers l'Angleterre pour échapper à un funeste sort.
L'épilogue nous indique ce qu'il adviendra et qu'on aurait voulu voir pour être en conformité avec le titre de l'album. Par ailleurs, on pourra reprocher des passages avec de grandes lourdeurs narratives au lieu de simplifier pour une meilleure fluidité. Bref, l'indigestion n'est pas loin. En même temps, il s'agit de l'adaptation d'un livre assez dense écrit par un agrégé d'histoire professeur à la Sorbonne, ceci explique cela.
En conclusion, une BD qui nous explique comment on est en venu à la Monarchie de Juillet. Il est vrai que c'est une période historique qui est assez peu connue du grand public mais qui demeure quand même assez passionnante. On mesure alors mieux tout le chemin parcouru par notre pays depuis 200 ans.