Résumé: Lorsque sa mère, anéantie par la violence de son mari, se réfugie chez une amie, Hugues est envoyé chez sa tante à Besançon. Le petit campagnard découvre alors la ville et une vie de famille ou les rires remplacent les coups... Il est émerveillé. Mais cette parenthèse enchantée ne dure qu'un temps. À la fin de l'été, sa mère retourne vivre avec son père. L'adolescent retourne chez lui et l'enfer recommence : alcool, violences, silences...
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i]L'automne 79, ou quand les enfants sont spectateurs de la violence conjugale. Une trentaine d'années plus tard, Hugues Barthe, l'auteur, se confronte à cette période qui a miné son existence bien au-delà des saisons de l'année 1979 évoquées par les titres de ce diptyque. Ce passé, il l’avait déjà effleuré dans son autre récit autobiographique, Le petit Lulu, mais en l’inscrivant alors en toile de fond de sa relation avec Lucien, sans aller plus loin. À l’époque, déjà, il fait le choix de représenter sa mère avec une paire de grandes lunettes noires - une image qui a dû marquer assez douloureusement son enfance. Par contre, alors qu’il y montrait son père de manière anodine, il a sciemment fait le choix ici de ne jamais le faire apparaître autrement que par une évocation, à la manière d’une menace, toujours présente, imprévisible.
Comme il l’explique dans ce second volume ponctué par des sauts entre les époques, écrire sur cette période de son existence n’aura pas été une sinécure. Il s’agissait néanmoins pour lui d’un ouvrage essentiel, qu’il devait impérativement mener au bout, sans doute afin de pouvoir passer à autre chose après ; comme une sorte de passage obligé. Ici, c’est donc bien le caractère dramatique de la relation entre ses parents qui domine, toutefois, en parallèle, et sans doute de manière plus prégnante dans ce deuxième tome, c’est aussi de la construction d’un enfant, d’un adolescent, d’un adulte dont il est question.
L’été 79 se terminait sur une note désespérante, L’automne 79 s’ouvre sur une case plus heureuse ; avant de revenir dans le vif du sujet. De nos jours, au pied d’un lit, des livres et des disques, et pas n’importe lesquels, jonchent le sol. Chez Hugues Barthe, le dessin, toujours d’une grande lisibilité, fait sens et le symbole est assez fort pour être souligné. En effet, il amène ainsi une idée qui lui est chère : la culture comme une porte vers un ailleurs meilleur.
Retour en arrière, il a quatorze ans et sa tante Dominique, celle qui le fascinait tant par son exubérance - pensez-donc, elle vient de la ville alors que lui vit dans un patelin - vient le récupérer chez sa grand-mère où sa mère l’avait déposé avant de fuir afin d’échapper aux coups de son homme. Chez cette dame pleine de vie, il découvre le plaisir de lire, d’écouter de la musique et même d’aller boire un thé : il s’ouvre à l’extérieur. C’est aussi chez elle qu’il réalise, sans doute plus ou moins inconsciemment à l’époque, que tout n’est pas nécessairement tout rose chez les autres, sans pour autant se départir de sa joie d’y séjourner. Son regard évolue au fil du temps et ce qu’il met dans son livre aujourd’hui témoigne de sa prise de recul, non sans une pointe d’humour mâtinée de tendresse à l’endroit de celle qui lui a ouvert les yeux.
Si le sujet est lourd, Hugues Barthe ne se départit pas d’un optimisme salvateur. L’automne 79, qui va bien au-delà de la période balisée par le titre et gagne ainsi en perspective, se termine sur des paroles sages et posées, résolument portées vers l’avenir.