A
rtiste total et tourmenté, Antonin Artaud (1896–1948) marqua profondément la vie culturelle de l'entre-deux-guerre. Écrivain, homme de théâtre, metteur en scène, acteur, cinéaste, poète et dessinateur, ce touche-à-tout de génie n'eut cesse de chercher une certaine forme de liberté et de vérité. En 1936, il embarque pour le Mexique, son but ultime étant d'aller vivre avec les Tarahumaras, des Amérindiens perpétuant des traditions précolombiennes et donc « pures » selon le voyageur en quête d'absolu. Miné par une santé chancelante et l'abus de narcotiques, Artaud vivra quelques semaines dans la jungle avant de revenir en France où il sera interné à Saint-Anne dans un état précaire. Malgré de nombreux traitements lourds – dont des traumatisantes séances d'électrochocs -, il rédigera plusieurs articles retentissants sur cette immersion culturelle (ceux-ci ont été recueillis dans D'un voyage au pays des Tarahumaras).
Dans L'esprit Rouge, Maximilien Roy et Zéphir racontent ce voyage fondateur et fantasmé. Dans sa chambre d'hôpital, Artaud rêve et se souvient de son périple. Les images du passé se mêlent à ses créations actuelles, les douleurs d'aujourd'hui répondent à la détresse engendrée par les drogues de naguère. Heureusement, il y a également les rencontres, des souvenirs des discussions avec Diégo Rivéra et quelques autres et puis, cette certitude d'avoir pu toucher à une certaine vérité primordiale, là-bas à la frontière de la forêt et des montagnes.
L'album rend un très bel hommage à cette expédition lointaine et intérieure. Les illustrations à l'atmosphère très travaillée et les nombreux jeux de textures accrochent l’œil dans un mélange parfait entre expressionnisme et réalisme. Le héros découvre un nouveau monde exotique, alors que son esprit lutte pour garder simplement les pieds sur terre. La narration souligne avec acuité ce passage continuel entre le concret, dans lequel il faut gagner de l'argent, manger, se procurer quelques substances illicites, et le subconscient, où toutes les sensations – tant les bonnes que les mauvaises – sont démultipliées et implacables. Au final, le résultat est impressionnant de tension et de fluidité.
Superbe évocation d'une transformation intérieure, L'esprit Rouge est également une excellente façon d'aborder l’œuvre souvent exigeante de cette figure intellectuelle majeure du XXe siècle.
Les avis
bedeland
Le 24/03/2016 à 15:04:20
pour moi c est le type d albums qui ne s adresse qu a une partie du lectorat dont je ne fait pas partie j ai trouve le dessin maladroit et certaines planches sont même bâclées par contre il est vrai que les couleurs sont reussis le scenario est pour moi touffu le rythme de la narration est poussif ce qui fait qu a un moment j ai decroches pour l avoir fait lire autour de moi je ne suis pas le seul que cet album a decu