Résumé: Mon père a toujours été un homme réservé. Depuis peu, il est atteint d'une maladie dégénérative qui l'empêche de communiquer avec sa famille. Ses contacts avec le monde se sont alors limités à l'Art : la peinture, le dessin et la musique... Jusqu'à ce que son mal lui interdise même cela. Pour renouer avec lui, j'ai repris ses carnets d'Algérie, une guerre qu'il a passée sous les drapeaux, en refusant de porter une arme. Plus que mon père, j'ai trouvé un homme courageux qui a lutté pour rester fidèle à ses idéaux de non-violence. Et une guerre fratricide qui ne l'a pas quitté. Samuel Figuière retrace avec tendresse et émotion le portrait d'un père qui est en train de partir, victime de l'âge. À la chasse aux souvenirs de l'homme que fut ce père, il exhume une page douloureuse de l'histoire française.
Je suis généralement assez sensible à ce type de lecture et de récit. L’auteur a réussi à mettre en œuvre une histoire délicate sans sombrer dans le pathos. Il raconte la vie de son père avec beaucoup de sincérité dans le propos.
La première partie semble être consacrée à l’évolution de cette maladie dégénérative. C’est effrayant de voir un être qu’on aime dépérir à petit feu sous ses yeux. L’atteinte neurologique est pour moi ce qu’il y a de pire. Je préférerais mourir. En l’occurrence, nous avons un artiste peintre qui va perdre petit à petit ses facultés. La fin nous réservera cependant une surprise.
La seconde partie se concentre sur le passé de cet individu qui a vécu la guerre d’Algérie en refusant de porter une arme. C’était un objecteur de conscience qui a tout de même accompli son devoir mais non sans difficulté. On ne peut qu’admirer l’homme et sa démarche assez singulière. La cruauté et la violence n’est pas l’apanage d’un camp mais c’est malheureusement universel. Ce soldat infirmier l’a bien compris. La maladie a d’ailleurs ouvert ces traumatismes qu’il avait cachés.
L’esprit à la dérive est un poignant hommage d’un auteur pour son père. Un ouvrage fort et émouvant.