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olombie, début des années 1990, l’étau se resserre autour de Pablo Escobar. Le criminel qui dispose de la septième fortune du monde capitule. Il est détenu à la Catedral, une luxueuse prison qu’il s’est fait construire. Confortablement installé, il y gère ses affaires, organise des fêtes et n’hésite pas à s’autoriser des sorties le temps d’aller voir une joute de foot. Ce sont ses derniers beaux jours. Ses rivaux du cartel de Cali prennent de l’envergure, l’armée et les services secrets américains le surveillent de près, alors qu’il se croyait en vacances. Le mafieux finit par s’évader avec ses complices. El Patron n’est cependant plus intouchable; politiciens et forces de l’ordre ne sont plus à ses pieds. C’est le début de la fin d’un individu ambigu, arrogant, manipulateur et violent, mais également bienfaiteur, héros populaire et homme d’une grande tendresse avec son épouse, ses enfants, mais surtout sa mère.
Le livre écrit par Guido Piccoli a le malheur de s’inscrire dans la foulée de Narcos qui a été télédiffusé partout dans le monde. Le bédéphile apprend donc peu de choses en découvrant ce reportage qui repose sur le même matériau que la série télévisée. C’est un peu ingrat puisque le journaliste vit en Amérique du Sud depuis les années 1990 et qu’il a publié de nombreux textes sur les narcotrafiquants. Ceci dit, bien qu’il ait été « scoopé » par Netflix, sa recherche demeure solide, le récit est bien construit et se lit agréablement… comme un polar. Au chapitre des faiblesses, alors que le rythme de la première moitié de l’ouvrage (au centre de détention) est relativement lent, peut-être même un peu trop, l’action s’accélère brutalement pendant la cavale. Comme les personnages sont nombreux et qu’ils ont la fâcheuse manie de mourir, il est assez facile de s’y perdre si on n'est pas attentif.
Au dessin, le travail de Giuseppe Palumbo converge avec celui du scénariste qu’il appuie dans le récit de la vie d’un des plus grands criminels du XXe siècle. La succession rapide des points de vue (plongées, contre-plongées, gros plans, plan d’ensemble, etc.), crée un dynamisme caractéristique du roman policier. Ses illustrations, sobres et efficaces, sont rehaussées par une très belle mise en couleur à l’aquarelle qui s’exprime particulièrement bien dans les ombres, que ce soit sur les plis d’un vêtement, une rangée d’immeubles la nuit ou les feuilles d’un arbre au soleil.
Une bande dessinée divertissante, à l’image de la vie de Pablo Escobar.