Le 07/09/2019 à 20:07:03
Un dessin élégant et parfaitement adapté au récit. Récit qui complète les lectures sur fond de traites négrières dans des registres très différents comme "Les passagers du vents" que l'on ne présente plus, "Les esclaves oubliés de Tromelin", "Un marron" et l'excellent "Atar Gull". Une petite visite au château des ducs de Bretagne à Nantes avec son circuit spécifique sur la traite conclue par le mémorial de l’esclavage et la boucle est bouclée. Une BD à lire, pour l'histoire (la "grande" (si on peu parler de grandeur avec un sujet pareil) et celle poignante de cette petite île du pacifique) !Le 22/11/2018 à 14:25:16
L'illustration de couverture est jolie, colorée et explicite sur le contenu de l'album. Elle est composée comme une affiche de cinéma et c'est efficace. L'album comprend un gros dossier documentaire très essentiel (comme dans toute BD documentaire) en fin de volume, permettant de tisser un lien entre la BD et l'Histoire tragique de cette île martyr. A la moitié du XIX° siècle les premières déportations de pascuans (habitants de l'île de Pâques) ont lieu pour en faire une main d’œuvre corvéable dans l'extraction du guano sud-américain. Après cela les prêtres entament l'évangélisation d'une communauté réduite à la portion congrue. Alliance de colonisation, de conquête religieuse et d'aventures capitalistes, c'est l'histoire de la disparition d'un peuple qui nous est relatée... Didier Quella-Guyot aime les îles et les connaît. Du Facteur pour femmes (île bretonne) à Papeete (Tahiti) ou sur le très bon Ile aux remords avec son compère Sébastien Morice, il aime à nous faire revenir dans ces terres aux cultures fortes et soumises aux soubresauts de l'Histoire, souvent coloniale. Ici c'est à une histoire largement méconnue qu'il nous convie en compagnie de Manu Cassier et son trait simple qui rappelle la BD jeunesse mais permet une grande lisibilité des planches et de superbes couleurs. De l'île de Pâques l'on connaît les Moaï, ces géants de pierre qui ne seront que très peu abordés dans l'album. Ce n'est pas le mystère de cette civilisation perdue qui intéresse les auteurs mais bien le processus brutal et semblant tellement facile d'acculturation et d’exploitation des indigènes par un système capitaliste allié de circonstance à l’Église. L'histoire est découpée en trois parties agrémentées d'un prologue relatant les razzias sud-américaines qui ont dépeuplé l'île et d'une épilogue. Les annexes proposent un résumé de l'histoire des pascuans au XIX° siècle par Didier Quella-Guyot, une biographie rapide des protagonistes historiques et un texte sur Pierre Loti (qui apparaît dans l'album), ses carnets de voyage et des reproductions de gravures de l'époque illustrant les récits de voyage. Cette structure très didactique permet une lecture facile et de s'intéresser à un drame connu car malheureusement commun à bon nombre de peuples dits primitifs au XIX° siècle, que ce soit en Afrique ou dans les Îles. L'on comprend combien la faiblesse de ces population a permis à quelques pauvres prédicateurs de leur imposer une religion dont ils n'avaient pas besoin et comme cette petite terre n'a été pour beaucoup de blancs - dont cet aventurier qui se fit proclamer Roi de l'île - qu'une ressource gratuite pour leurs projets personnels. Le plus intéressant dans ce récit est l'histoire de cet homme, enfiévré de navigation et terrorisé à l'idée d'être enfermé dans une affaire en France avec femme et enfants et qui s'imposa par la force, se maria à une fille d'ascendance royale avant de s'autoproclamer seigneur de ce caillou perdu au cœur du Pacifique et que bien peu souhaitaient lui contester. Le dessin accompagne cette narration de façon élégante. L'illustrateur n'est pas un virtuose mais sa maîtrise des plans et découpage est remarquable et la mise en couleur donne une lumière très agréable en évitant de sombrer dans le misérabilisme. Car cet album se veut plus un récit d'histoire qu'un pamphlet, adoptant un ton relativement neutre, factuel, ne cachant rien des exactions mais restant classique dans son propos. Le sentiment d'impuissance qui reste après cette lecture nous rappelle combien le rouleau compresseur de la colonisation a causé de ravages de par le monde et le fait de poser des images sur ces drames est salutaire en nous forçant à regarder à hauteur d'hommes ce que l'on apprend dans une Histoire souvent par trop extérieure. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/11/11/esclaves-de-lile-de-paquesLe 21/05/2018 à 12:53:38
Un récit passionnant qui donne envie d'en savoir plus, ce que le dossier en fin d'album permet d'initier. A ne pas manquer.BDGest 2014 - Tous droits réservés