D
eux marins sont à la recherche de « leur » capitaine qu’ils se sont jurés de retrouver il y a huit ans. En arrivant à Blackburg, ils touchent au but. Oui, mais qu’est ce qu’ils ont les gens d’ici ?
Et hop, une nouvelle petite perle jubilatoire en guise de premier album ! Le bon sens ne semble pas avoir droit de cité dans ces contrées. L’air marin sans doute. Car tous les personnages ou presque sont utilisés à contre emploi par rapport aux rôles que leur rang ou leur fonction dans la société devraient leur imposer. Les ex-taulards s’empoignent à l’occasion de joutes sémantiques et étymologiques, le docteur fait preuve de zèle pour le soulagement définitif de ses patients, le capitaine est cantonné à surveiller l’horizon du haut d’un phare, la jeune fille recluse dans cette tour de pacotille cumule plus de névroses qu’en a entendues le divan du Dr Freud dans toute sa carrière tandis que l’asiatique attaché à ses basques semble être le clone de Didi le sabreur fou du Lotus bleu. Seul le banquier âpre au gain et qui joue les huissiers à ses heures semble opérer dans son registre habituel. Jolie galerie de portraits en définitive. Restait à les réunir et à les faire se croiser dans le même univers.
Et l’on s’amuse à se faire balader au gré de ces 46 planches qui cumulent les situations qui frisent souvent le non-sens et où les rencontres d’êtres perdus dans leurs mondes respectifs donnent lieu à des dialogues savoureux de décalage. L’humour est noir sans excès. Du côté du dessin, l’escale ne se fait pas en territoire totalement étranger. On jurerait presque avoir aperçu Isaac le pirate au fond de cette taverne enfumée ou on s’attendrait à voir entrer le professeur Bell dans un de ces petits intérieurs sans chaleur du début du XXème siècle.
Le mot de la fin ? Pourvu que ce one-shot ne reste pas sans suite. Absurde, contagieusement absurde…