Résumé: Mort-vivant mélancolique, loup-garou amoureux, poltergeist agressif, revenant revanchard et autres créatures mutantes, tout ce bestiaire fantastique se retrouve dans les pages du nouveau livre de Martin Romero, Les Épisodes lunaires. Mais derrière ce défilé de monstres aussi pathétiques que terrifiants, c’est bien à l’être humain et à sa part monstrueuse que s’intéresse Martin Romero, et les différents épisodes qui composent ce livre sont autant de fables qui exposent les turpitudes de l’âme humaine. Si la nuit les monstres sont de sortie, le jour ce sont les hommes et les femmes qui souffrent et font souffrir: histoire d’amour passionnée qui sombre dans la banalité, enfant délaissé par des parents peu aimants, erreur fatale de celui qui croit bien faire… Martin Romero n’est pas toujours tendre avec ses personnages, et peut-être est-il préférable, comme ces créatures qui hantent les ténèbres, de chercher refuge dans une nuit sans lune. Cette sarabande déviante et emportée, qui oscille tout du long entre le rire et les larmes, bénéficie d’une mise en couleurs pensée pleinement comme un élément narratif, et éclairant ainsi avec justesse chaque histoire, chaque ambiance, et chaque humeur.
U
n arbre, qui meurt abattu, se rappelle les images de son passé, un loup-garou et une pleine lune qui s'aiment d'amour fou le temps d'un croissant, la courte vie tragique d'un enfant-rose, fruit d'une séquence onaniste au-dessus d'un parterre, un géant qui part faire le pont tous les jours, une petite fille que son père ne regarde jamais...
Souvent cruel, parfois absurde ou décalé, toujours poétique, Épisodes Lunaires est un recueil de fables présentées sous forme de vignettes qui tient plus des beaux livres illustrés d'antan que de la bande dessinée actuelle. Cette deuxième publication de Martin Roméro (Les Fabuleuses chroniques d’une souris taciturne) rassemble des saynètes parues dans des magazines entre 2007 et 2012, retravaillées pour l'édition. Le tout offre un ensemble cohérent qui titille le rêve et le subconscient en puisant dans l'imaginaire collectif, par l'évocation des contes populaires, des animations de George Meliès ou de Garri Bardine (Le Loup gris et le petit chaperon rouge - 1989). À réserver cependant à un public a minima adolescent à cause des scènes de sexe ponctuant certaines historiettes.
Rafraîchissant et inattendu, un joli concentré de poésie qui a toute sa place dans les belles bibliothèques.