Résumé: Nées aux États-Unis, les entreprises « libérées » ambitionnent de réconcilier travail et épanouissement pour tous les collaborateurs. Dans des firmes comme Gore, Harley-Davidson ou encore FAVI en France, il a été question de redonner aux salariés liberté et responsabilité d’action, pour créer des richesse humaines et économiques.
Après quelques dizaines de pionniers un peu partout dans le monde, un véritable mouvement de libération est né en France et en Belgique dans les années 2010, impliquant plusieurs centaines de sociétés et d’administrations.
Dans Les Entreprises libérées, Philippe Bercovici et Benoist Simmat sont partis à leur rencontre (Michelin, Kiabi, ChronoFlex, Imatech, Biose, Euractiv, deux Ministères Belges…) pendant une année, d’août 2015 à juillet 2016. Ils racontent les PME, les multinationales ou même les administrations qui, de Bruxelles à Paris, de la Picardie à l’Auvergne, vivent cette transformation radicale du travail. Cette nouvelle philosophie du travail est-elle une voie de ce changement sociétal que nous appelons tous de nos vœux ? Pour la première fois, une bande dessinée explore ce nouveau monde.
Q
u’on se le dise, les entreprises se libèrent ! Nouveau paradigme ou effet de mode, Benoist Simmat et Philippe Bercovici se penchent sur la question.
Présenté par Les Arènes BD comme « la première BD-Reportage sur l’entreprise du futur », Les entreprises libérées retrace, à grand renfort d’exemples, l’historique du phénomène sans vraiment aller jusqu’au bout de l’analyse. Bref, le discours est plus illustratif qu’explicatif.
Aussi intéressant et vertueux que soit ce concept, cette bande dessinée tourne à l’allégorie. Comme dit le proverbe : « qui n’entend qu’une cloche, n’entend qu’un son » et le développement des deux auteurs fait preuve d’un sens critique et d’une mise en perspective limités. À les lire, la libération de l’entreprise passerait presque pour LA solution ! Pourquoi pas… ? Encore faut-il le démontrer afin de franchir le seuil de l’anecdotique.
Si cet album aux phylactères envahissantes (mais pouvait-il en être autrement ?) possède le mérite de vulgariser une pensée managériale qui replace l’humain au centre de la fonction de production, le recours au 9è Art (comme vecteur) interroge, tant cela demeure finalement superficiel et léger.
Les avis
Erik67
Le 02/09/2020 à 19:06:21
J’aime bien ce contexte d’entreprises libérées surtout quand on travaille avec des chefs tyranniques de la pire espèce afin d’avoir une vision sur ce qui existe ailleurs. Pour la définition, une entreprise libérée est effectivement libérée de ces petits chefs qui nous empoisonnent la vie. Seulement 9 pour cent de salariés estiment être heureux dans leur entreprise quand on se base sur un sondage totalement neutre.
C'est un personnage que beaucoup connaissent et redoutent dans le monde du travail. Qu’on en ait été victime ou simple témoin, en entreprise ou dans une administration, on a tous en tête l’exemple d’un manager toxique. Un ou une cadre tyrannique, colérique et obsédé(e) par le pouvoir, qui impose un climat de travail atroce à ses collaborateurs : surveillance, flicage, dénigrement, harcèlement moral. La solution est certainement ce concept d’entreprise libérée. Encore faut-il une véritable volonté du dirigeant d’entreprise de l’imposer à ses cadres.
Cette bd est un documentaire qui va nous expliquer de long en large les différentes expériences d’entreprises libérées en France, que cela soit dans de petites entreprises ou dans les grosses boîtes (comme Michelin par exemple qui réclame actuellement ses pneus à des salariés licenciés pour être en accord avec la procédure). Il faut bien se rendre compte que nous vivons quand même dans un pays où des députés refusent de voter pour des congés supplémentaires en cas de décès d’un enfant mineur. C’est tout un contexte.
La construction de cette bd m’est apparue assez anarchique. En effet, les origines nous seront expliquées à la toute fin ce qui n’est guère cohérent. Par ailleurs, il y a eu de la répétition à divers moments ou de grandes envolées pour pas grand-chose : un effort de simplification aurait été le bienvenue.
Au final, je dirais que c’est une bd assez intéressante pour voir ce concept qui prend de l’importance au point d’être un nouveau modèle pour l’entreprise de demain. Je dirais simplement qu’il y a encore beaucoup de travail à réaliser car les cadres n’ont pas pour vocation d’accompagner mais d’exercer leur pouvoir aussi minime soit-il.