L
es simulacres de miracles, organisés par le grand prêtre Manethon, n’ont pas réussi à accroître le crédit du Pharaon auprès d’une population aux abois suite aux nombreux malheurs qui s'abattent sur l'Egypte. Manipulé par le prêtre, Aménophis IV accepte finalement de sacrifier sa fille adoptive Atchepsout afin de redorer son blason et celui d’Amon-Rê, dont il incarne le pouvoir sur terre. Parti en guerre contre les Hittites, Apophis, le fils d'Aménophis, apprendra avec stupeur le décès de sa promise. Dans ce pays où les principaux dieux de la Genèse Héliopolitainne vivent comme de simples mortels dans l’ombre du dieu souverain, de nombreuses rancunes remontent à la surface.
Pour ce diptyque de la collection Terra Incognita, Patrick Feillens puise son inspiration dans d’innombrables richesses de l’histoire égyptienne. Entre deux mondes va ainsi confronter de manière originale ce peuple, victime des dix plaies décrites dans l’Ancien Testament et d’une guerre incessante avec les Hittites, aux dieux d’une mythologie aussi abondante que complexe.
Débutant par une faute de frappe sur la couverture et une mise en place peu convaincante, la qualité de ce premier volet va cependant progresser au fil des pages. Après une introduction plutôt brouillonne, pénalisée par une voix-off fastidieuse, mais souvent inhérente à ce genre de récit, la narration va devenir légèrement plus fluide et contribuer à donner un rythme plus accrocheur à cette histoire structurée en chapitres bien distincts.
Abritant deux des sept merveilles du monde antique, la fascination que continue d’exercer ce pays ne se retrouve malheureusement pas au niveau graphique. Un dessin visiblement documenté, mais qui ne colle pas vraiment à la magnificence escomptée. La colorisation parvient à installer une ambiance particulière, mais sans réussir à rehausser une traduction graphique somme toute assez décevante.
Pourvu d’une postface intéressante, ce premier volume aurait également pu être agrémenté d’un petit lexique venant expliquer une terminologie épisodiquement trop caractéristique (La Douât, l’Amenti, le Ba, le Ka, …).
La lumière cachée, prévu début 2008, tentera de sortir ce projet ambitieux de l’ombre.