Résumé: Printemps 1920, Pierre Abgrall vient de perdre sa mère. Plus rien ne le retient chez lui, pas même l’amour que lui porte la jeune Léa Cloarec. Il décide alors de tout quitter, de partir comme saisonnier sur la côte Malouine. Homme de la terre, c’est la première fois qu’il découvre la mer… Embauché sur le littoral fertile, il loue ses bras à la ferme de Jeanne.
Là-bas, les femmes vivent seules, cultivent la terre ou labourent les flots en priant pour le retour de leurs hommes partis en mer.
Marins de père en fils, ceux que l’on surnomme les «Terre-Neuvas» s’en vont pêcher la morue sur le «Grand Banc» de Terre-Neuve à bord d’une goélette morutière Malouine «La Charmeuse».
Tous les jours, Marie la lavandière, face au large, guette le retour de son promis embarqué pour une campagne de pêche. Dès le premier regard, Pierre s’éprend d’elle et oublie Léa restée à la ferme. Peu à peu, la curiosité du jeune homme se tourne vers la mer, malgré le danger et surtout pour les beaux yeux de Marie, qui n’a de fascination que pour les marins.
Qui sont ces hommes pour qui le coeur des femmes bat si fort ? Ces aventuriers qui affrontent brumes et tempêtes pour nourrir leurs familles, ces «forçats de la mer» qui contemplent toutes les beautés de Terre-Neuve, qui vivent tous les malheurs et survivent grâce à une très forte amitié…
Avec Pierre, nous vivons au jour le jour leur existence, leur quotidien. Avec Marie, Jeanne et les autres, nous connaissons l’angoisse de ceux qui restent à terre.
L
aissant derrière lui la pauvreté et une amoureuse transie, Pierre Abgrall quitte les Monts d’Arrée pour se louer comme saisonnier sur la côte d’Émeraude et partir à la découverte d'un monde dont il ignore tout...
Triptyque adapté du roman et de la série d’Hervé Baslé, Entre terre et mer s’attache au sort des forçats du large, à ceux qui, dans les pires conditions, allaient pêcher la morue dans les eaux froides des Grands Bancs. Figures emblématiques d’une Bretagne dure à la tâche et fière de ses légendes, l’épopée des terre-neuvas est un sujet où l’affect semble devoir jouer un grand rôle pour leurs auteurs. Toutefois, littérature, télévision et 9e Art possèdent leurs propres règles narratives et il est souvent périlleux de se risquer à l’adaptation de l’un à l’autre.
Si le scénario joue la carte de l'authenticité, il manque toutefois de rythme, de cohérence, tant et si bien qu'il sombre rapidement dans le convenu. En voulant rendre compte de la vie des paysans et des pêcheurs du pays malouin à la sortie de la Première Guerre, Pascal Bresson force le trait et finit par canoniser la fidélité des femmes de marins, béatifier les métiers de la mer et élever au rang de bienheureux le matriarcat à la bretonne. La vie du pays de St Malo était peut-être ainsi faite en 1920, mais n’aurait-il pas été plus judicieux de lui donner un peu moins de théâtralité et plus de spontanéité afin que les amateurs de bande dessinée, comme les adeptes de la celte attitude, trouvent leur bonheur ?
Au-delà d’une histoire pleine de bons sentiments, mais qui se révèle vite cousue de fil blanc et saturée de clichés, il ne peut être passé sous silence la paradoxale inconstance du dessin d’Erwan Le Saëc. Plus à l’aise dans les paysages et les bateaux que sur les physionomies, la douceur de certains de ses visages féminins ne peut faire oublier l’approximation de beaucoup d’autres.
Après un volet introductif qui laisse perplexe, il reste à espérer que le prochain opus saura redresser la barre et éviter ainsi le naufrage.