Résumé: À la mort de sa mère, Mathurin Réto embarque clandestinement à 13 ans sur un navire en partance pour Terre-Neuve. Il y connaît les brimades qui accompagnent la vie de mousse, mais se fait également un ami, Ernest. Les deux gamins vont faire les quatre cents coups... jusqu'à sombrer dans la petite délinquance, ce qui va les mener à la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer. Nous sommes en 1907, Mathurin a 14 ans, il doit être détenu jusqu'à ses 21 ans.
Une autre vie commence, faite de coups et de discipline militaire. Mais Mathurin est une forte tête et refuse d'être brisé. Il tente de s'évader à plusieurs reprises... ce qui le conduit au cachot plus souvent qu'à son tour.
A
tlantique Nord, 1907. Mathurin n’a peur de rien. Âgé d’à peine 13 ans, venant de perdre sa mère, il monte clandestinement sur un navire où il se lie d’amitié avec Ernest. Revenus sur terre, les jeunes gens sont surpris à voler des filets de pêche. Le juge n’ayant pas le cœur à rire les envoie à la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer. Ils devront y demeurer jusqu’à leur majorité. Malgré la violence psychologie et physique, ce ne sont pas les mâtons qui feront flancher l’orphelin.
Julien Hillion raconte quatre années de la vie d’un garçon aux prises avec un système misant sur la punition, plutôt que sur la réhabilitation. Autres temps, autres mœurs, certes, mais il reste difficile de comprendre comment on a pu croire, même il y a un siècle, que les coups et les humiliations constituent une façon efficace de remettre les délinquants sur le droit chemin. Le dossier en fin d’album rappelle que cette prison n’a cessé ses activités qu’en 1977.
Le scénariste présente un duel opposant une forte tête et l’État français. Le travail forcé et les conditions inhumaines entraînent des tentatives d’évasion, suivies de séjours au cachot de plus en plus longs. Le ton apparaît relativement neutre, un peu comme si les faits étaient suffisamment éloquents pour qu’il n’y ait pas lieu d’ajouter de commentaire éditorial.
Le récit est porté par le magnifique dessin de Renan Coquin, lequel adopte un coup de crayon évoquant celui de Gipi. Il se dégage une sourde violence de ses personnages aux traits anguleux ; lesquels jouent toujours juste. L’artiste représente du reste particulièrement bien la mer et ses grands espaces, même si la nature du projet implique qu’il illustre surtout l’exiguïté des geôles. Les illustrations sont nappées de couleurs réalisées à l’aquarelle ; les beiges et les bleus tendant vers le noir renforcent le climat d’oppression qui émane de chacune des cases.