Résumé: I’m Poppy » deviennent instantanément virales. En bon produit de l’industrie musicale 2.0, pop star impénétrable parée d’une aura de mystère, la musique n’est qu’une facette de son identité publique et ses fans lui vouent un quasi-culte. Elle approfondit son univers avec cette série de BD qui mettent en scène son personnage de chanteuse.
Entre deux mondes qui s’efforcent chacun de traumatiser ceux qui ne se doutent de rien, Poppy se retrouve dans des paysages infernaux au sens propre comme au sens figuré. Elle doit trouver le juste milieu entre faire ce qu’il faut pour gagner sa liberté et rester fidèle à sa propre identité et à ses convictions, tout en essayant de déjouer les démons qui l’entourent à chaque étape du chemin.
P
oppy se réveille en Enfer. D'abord déboussolée, ne sachant comment elle est arrivée en ces lieux, elle décide de clarifier la situation auprès du démon gardant l'entrée. L'affaire tourne au combat, jusqu'à l'intervention de Diablotin. Ce dernier lui propose son aide pour trouver la sortie. Un long périple commence...
Propulsée star en 2014 à partir de ses vidéos musicales diffusées sur YouTube, Poppy a su créer un univers assez atypique, qui a fédéré des millions de fans. Aimant cultiver un halo de mystère autour de son personnage, l'artiste ajoute la bande dessinée à son panel. Avec Ryan Cady, elle assure le scénario de ce one-shot. Ce titre revient sur une période sombre de sa vie, lorsqu'elle était sous l'influence de Titanic Sinclair, un producteur toxique à l'origine du projet Poppy. Devenu personnage de l'album, sa diablerie n'est pas sans rappeler celle de Swan et de Philbin dans l'excellent Phantom of Paradise de Brian de Palma. Manipulateur pervers, voleur et dominateur, l'impresario incarne tout le pendant négatif de l'industrie du divertissement. Pour montrer à quel point Moriah Rose Pereira fut perdue, les scénaristes reprennent la trame de base de l’œuvre de Dante. Ainsi, Poppy débarque en Enfer, accompagnée et conseillée par son chat Pi (un Virgile félidé en somme). La rencontre avec Diablotin déclenche le parcours dans les différents niveaux de l'Enfer, qui sont l'occasion de revenir sur des moments de la vie de l'artiste, où elle perd pied avec ses valeurs et ses ambitions artistiques. L'idée des allers-retours entre le présent en Enfer et le passé de la musicienne est bien amenée. De plus, le tempérament de cette dernière étant quelque peu belliqueux, les scènes de combats sont assez nombreuses, jusqu'à la fin de l'album où Poppy affronte Lucifer lui-même. Bref, l'artiste règle ses comptes en réécrivant sa propre mythologie, en puisant dans des chefs d’œuvres culturels. Le mélange est étonnant mais prenant.
Zoe Thorogood et Amilcar Pinna assurent la partie graphique de cette bande dessinée. La chanteuse a un look au croisement d'une Gothik Lolita et de Jocelyne Kujo, conforme à ses productions. Le trait est réaliste, particulièrement pour les visages. Les dessinateurs use des codes graphiques de l'occultisme pour donner corps au récit.
L'Enfer selon Poppy est un récit mêlant autobiographie et relecture de la Divine Comédie, afin de porter un regard critique sur l'univers de l'industrie musicale. Un titre à réserver aux fans de cette artiste.