L
ycéen fugueur, Hodaka Marishima débarque à Tokyo en proie à des pluies incessantes. Après avoir vainement recherché un logis et un boulot, il échoue dans un fast-food où une serveuse lui offre un hamburger. Sa faim calmée, il décide de se rendre à l’adresse qu’un inconnu lui a donnée sur le bateau qui les transportait vers la métropole. Sur place, il découvre un ancien bar reconverti en bureau de presse pour un magazine spécialisé dans le paranormal. Le patron lui propose d’être nourri, blanchi et logé contre quelques articles et de menues tâches. L’adolescent accepte. Un jour, il croise la jeune fille du restaurant. Bien vite, il apprend qu’Hina est une « fille-soleil » qui a le pouvoir de faire venir le beau temps. Une idée germe : faire profiter les autres de ce don singulier.
En cette période estivale, les éditions Pika publient le premier tome (sur trois) de l’adaptation en manga des Enfants du temps (Withering with you), un film d’animation écrit et réalisé par Makoto Shinkai (In your name), que les cinéphiles avaient pu découvrir dans les salles obscures françaises en janvier et dont a déjà été tiré un roman. Le récit débute au large de la capitale nippone, en pleine tempête, et explore l’idée d’une maîtrise des phénomènes atmosphériques par une poignée de gamins. Cette légende urbaine qui n’apparaît d’abord que comme un mythe prend corps à travers Hina et devient progressivement un enjeu, chacune des éclaircies obtenues faisant figure de miracle dans un milieu urbain qui ne connaît plus que des averses. Bien rythmée, la narration alterne action et passages plus introspectifs. Ces derniers permettent d’en apprendre davantage sur les principaux protagonistes, en éclairant notamment les motifs de la fuite d’Hodaka, ainsi que le mode de vie de son amie et de son petit frère. Par ailleurs, au fil des pages, certaines figures d’abord entrevues rapidement prennent de l’importance et concourent au développement de l’histoire, amenant de nouvelles péripéties.
Cette fable est portée par le dessin de Wataru Kubota. Son style réaliste est mâtiné d’un trait légèrement caricatural qui accentue à bon escient certaines expressions afin de mieux souligner les émotions des personnages. Il parvient également à rendre avec succès la grisaille humide qui baigne rues et buildings tokyoïtes, ce qui confère à chaque fois un caractère aussi réjouissant que magique aux brefs ensoleillements obtenus par la fille-soleil. Pour le reste, les cadrages et le découpage bien réalisés assurent une bonne dynamique d’ensemble.
Variation papier globalement agréable et convaincante, ce volet initial permet de goûter à la douce féerie des Enfants du temps (Withering with you) ou de la prolonger pour ceux qui ont vu l'œuvre cinématographique originale.