Résumé: Yang Hao, 10 ans, partage son temps entre l'école et les inévitables compositions à rédiger, ses copains, avec qui il joue aux jeux vidéo, et sa vie à la maison. Yang Hao est à l'âge où l'on fait des choses dont on n'est pas toujours fier et dont on aimerait se repentir. L'âge où l'on fait des rencontres que nos parents n'apprécient guère.
Son père, absent depuis de long mois pour son travail, est enfin de retour à la maison. Ce père qui va venir le chercher après les cours, celui qui va le protéger des plus grands, celui qui va le comprendre... Du moins, c'est ce qu'imaginait Yang Hao. Mais les choses vont prendre une autre tournure.
Y
ang Hao est content de lui aujourd'hui. Son texte a plu à la maitresse qui lui propose, de ce fait, de se présenter au prochain concours de rédaction. Peut-être que son papa sera rentré d'ici là. Absent depuis plusieurs mois pour le travail, il sera certainement fier de lui, en bon élève qu'il est ! En attendant, le petit garçon joue, fait des rencontres, pas toujours de bonne réputation mais, les apparences sont trompeuses parfois…
Tang Xiao expose une tranche de vie, celle d'un enfant de dix ans, dans une modeste ville chinoise au milieu des années 90. Le tour de force de l'auteur est de captiver par le déroulement d'un quotidien qui n'a rien d'extraordinaire, mais narré avec grand talent et sincérité. Pas de grand drame et pourtant des événements viennent toucher profondément le héros et par ricochet, le lecteur, gagné par sa sensibilité et son innocence. Un gamin comme un autre, oui, qui veut plaire à ses parents, jouer avec ses copains et avoir ses grands-parents pour la vie, aussi réussir dans ce qu'il aime faire c'est à dire imaginer et écrire ; rien d'ambitieux mais juste être heureux, un objectif pur et noble. Le cadre choisi permet également d'appréhender la vie en Chine, sa culture particulière et ses traditions séculaires. Doux-amer, ainsi pourrait être qualifié le ton de cet épais one-shot.
Pour une première œuvre, le graphisme est remarquable, s'apparentant par moment à la gravure. L'artiste dessine très finement et de manière réaliste. Le côté enlevé, presque fiévreux du trait, accorde beaucoup de naturel, d'humilité et de douceur au récit. Si les initiatives dans la compositions des planches sont rares, elles s'avèrent bien trouvées et placées aux moments opportuns. Le cadrage par contre est relativement varié et permet d'insister sur les sentiment générés par les péripéties. La bouille expressive de Yang Hao est adorable, désarmante.
La collection Made in de Kana s'enrichit d'un autre ouvrage de qualité, «L'enfant ébranlé». Un manhua simple, sensible et émouvant, délicatement illustré sur l'enfance, les rapports au père et ses désillusions.