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lutôt qu’une encyclopédie, cet ouvrage est un tour de France des légendes dans lesquelles les Yôkai sont présents. Quoi ? Vous n’avez jamais entendu parler des Yôkai ? Et pourtant, ils sont partout, tout autour de nous. Nul ne peut en donner une définition précise, seul un expert comme le professeur Lafayette connaît ces étrangetés. Ils sont capables de prendre toutes les formes possibles, allant du monstre au spectre. Grâce au professeur et à ses élèves, la yôkaiologie n’aura plus de secret pour le néophyte. Celui-ci apprendra comment se manifeste le Yôkai dans différentes régions de France. En Bretagne, les Sirènes de Feu forment des leurres pour les bateaux qui s’échouent alors sur le rivage. Les habitants croient aux miracles en récupérant les vivres transportés par les navires éventrés, mais personne ne voit jamais les marins. Les Yôkai y sont surement pour quelque chose, mais personne ne sait. Jusqu’au jour où le jeune Erwan découvre la vérité. Dans le Jura Le chasse-pied cause bien des soucis aux bûcherons, les entrainant même vers la mort, tandis que dans le Nord, la Gueule Noire sauve les mineurs en péril.
Originellement issus du folklore japonais, les Yôkai, également appelés Mononoké, se manifestent partout pour le bien ou le mal des habitants du coin. À travers cette encyclopédie, l’amateur de yôkaiologie pourra se familiariser avec ces phénomènes afin de préserver son salut à la rencontre de ces mystérieux personnages.
Encyclopedia Diabolicase compose de douze chapitres, de longueur plus ou moins égale, évoquant chacun un Yôkai dans une région de France. Le livre s’ouvre par une préface de l’auteur suivie de celle du mangaka Jirô Taniguchi qui retrace en quelques lignes les aventures japonaises de Christophe Kourita et place cet album parmi ses titres les plus réussis. Puis s’ensuit une introduction sur les monstres et fables françaises, avec quelques gravures célèbres du XVIe siècle. Chacun de ses chapitres commencent également par une pleine page évoquant le style des xylographies du XVe siècle comme pour attester de l’ancienneté de ces légendes. Les histoires relèvent d’une bonne dose d’imagination, elles ne se répètent pas et ravissent même par leur originalité. De seulement quelques pages, chaque légende est agréable à lire bien que parfois la brièveté du récit entraine une chute un peu trop rapide.
D’origine franco-japonaise, Christophe Kourita s’est essayé aux deux univers. Il a été édité à plusieurs reprises par de grands noms du manga en terre nippone. Une prouesse peu reproduite par ailleurs. Encyclopedia Diabolita est à mi-chemin entre le style européen et japonais. Aux mangas, il empreinte un format d’album, le dynamisme des chapitres courts et indépendants, des figures comme la Gribouille, franchement asiatique et peut-être certains cadrages en décrochés. En dehors de ça, le dessin reste tout de même assez franco-belge, voire carrément « gros-nez ». Quoi qu’il en soit, le graphisme de l’album est très agréable, généreux dans sa mise en scène, dans la profusion de décor. Les couleurs sont justes et donnent un ensemble harmonieux, facile à lire.
Encyclopedia Diabolica est plutôt à destination d’un jeune public mais tout le monde peut y prendre plaisir grâce à beaucoup de qualités, d’imagination et de maitrise graphique. Les histoires fantastiques s’enchainent à grande vitesse, pour un confort de lecture présent et une lassitude inexistante. Approuvé par Taniguchi nous précise l’éditeur, le mangaka ne s’est pas trompé.