Résumé: Au fin fond d'une Angleterre qui ne porte pas encore ce nom, Chrétiens et Bretons s'affrontent sur un nouveau champ de bataille : la possession d'Eigyr ! Est-ce là un artefact ou une place forte ? Que nenni ! Eigyr est une jeune femme dont le ventre rond abriterait la réincarnation de Merlin. Son corps est devenu un enjeu politique dont les hommes entendent disposer. Mais une mère est prête à tout pour protéger la future chair de sa chair…
V
ème siècle, suite au retrait des armées romaines, la province de Bretagne est en proie à des guerres incessantes. Saxons ou Angles, etc. qu'ils soient païens ou chrétiens, les Bretons doivent faire face à de multiples envahisseurs. C'est dans ce contexte qu'une rumeur se propage et leur redonne espoir : Merlin se serait réincarné dans un nouveau-né et reviendra les sauver.
Pour son entrée dans le neuvième Art, Damien Colboc n'a pas choisi la facilité en s'attaquant aux légendes arthuriennes. Heureusement, dans son entreprise, il est accompagné de Jérôme Hamon, scénariste chevronné qui aime varier les genres au gré des projets (Nils, Emma et Capucine ou encore Green Class). Pour cette relecture originale du mythe de Merlin, les auteurs ont choisi de suivre le destin de trois personnages que tout oppose : Eigyr la paysanne, le Calum apprenti prêtre et Steren la guerrière. Au prix de constantes remises en cause de leurs croyances comme de leur foi, les protagonistes vont devoir unir leurs forces pour affronter les dangers qui les attendent et survivre.
Rapidement posé, le contexte installe une urgence qui rythme la fuite du trio. Cette course-poursuite est aussi l'occasion de voir évoluer les héros ; au fur et à mesure de leur avancée, ils questionnent leurs comportements et ceux de leurs semblables, font des choix en apparence contraire à leurs idéaux, mûrissent en somme. Loin des stéréotypes que les premières pages laissaient supposer, les trois personnages s’avèrent plus complexes et deviennent rapidement attachants. S'appuyant sur un dessin lâché, qui n'est pas sans rappeler le style de Lastman, Damien Colboc met en images les nombreuses scènes d'actions concoctées par son complice. Colorées, ses planches n'en restituent pas moins la noirceur de l'époque, sa brutalité et sa violence. La lecture se révèle fluide jusqu'à l'ultime séquence , aux révélations inattendues.
Avec Eigyr, surprenant et haletant, Jérôme Hamon et Damien Colboc offrent une lecture à la fois moderne et respectueuse des certaines légendes bretonnes. Le dessinateur marque aussi son arrivée dans la bande dessinée avec style et panache.
Les avis
richard1301
Le 01/09/2023 à 08:53:48
Excellent scénario avec des personnages attachants, un dessin remarquable qui donne beaucoup de mouvement et de fluidité. Le dessin n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Bastien Vivès. Les couleurs tout en nuances apportent beaucoup de douceur á une histoire somme toute très cruelle. Des auteurs à suivre.