L
a cité de Nostragia vit en autarcie, au fond d'une énorme excavation qui tient à l'écart ses habitants de la surface de la Terre. Dans cette enclave, une gigantesque cascade leur fournit la force motrice et l'irrigation nécessaires à leur survie. Il est formellement interdit d'atteindre le sommet des falaises, que ce soit en volant ou en escaladant. Milo, génie de la mécanique et curieuse, est très attirée par le monde d'en haut depuis la disparition de son bien-aimé Albert. Alors qu'elle sauve le village de l'attaque d'un robot-tank venu du territoire interdit, les anciens l'autorisent à partir. Aidé du mystérieux Edisonstein, elle met au point un stratagème qui la propulse hors de la cité, et découvre alors ce qu'est le monde extérieur...
La lecture de cette saga fait immédiatement penser à l'univers de Miyazaki. Ce dernier ne cache pas son admiration pour Jules Verne et s'en inspire dans ses grandes épopées telles que "Nausicaa et la vallée du vent" ou "Laputa / Le Château dans le ciel" et l'on retrouve ici les mêmes ingrédients, la même recette mais aussi le même plaisir à dévorer cette formidable aventure. Notre héroïne, fraîche et débrouillarde, veut dépasser les frontières qui lui sont imposées, et rejoindre son amoureux qui l'a pourtant quittée. A ses côtés: un équipage loufoque apporte une touche d'humour tandis qu'ils sont poursuivis pas une armée sur-équipée et guidée par un tandem contrasté : un dirigeant incapable mais imbu de lui même et son bras droit tenace et obéissant. Ce premier tome repose principalement sur la présentation des personnages, des lieux, des moeurs et sur une poursuite prenante qui met en valeur les capacités de chacun.
Le dessin rappelle lui aussi Miyazaki, avec cette jolie héroïne, ce professeur kitsch, ces soldats sans réelle personnalité, ces méchants classes ou ridicules et ces grosses brutes impressionnantes au coeur tendre. Les vaisseaux, les machineries et les cités nous replongent dans 20 000 lieues sous les mers et autres oeuvres où s'entrecroisent prouesses technologiques et maisons de pierre. Au niveau de la mise en image, la palette est large : des cases aux paysages détaillés en passant par des situations où le premier plan seulement suffit, la lecture est un plaisir pour les yeux tout au long du tome.
L'impression est parfaite, que se soit au niveau de contraste comme du découpage. Le tome est copieux mais cela ne gêne pas la lecture pour autant, le format (du type L'Habitant de l'infini chez Sakka) est au final peut-être même plus pratique que le standard (du type Naruto chez Kana).
Une excellente surprise en tout point donc, vivement recommandée pour son originalité propre qui tient à une orchestration bien menée et malgré une filiation manifeste en ce qui concerne l'inspiration avec l'un des plus grands romancier et l'un des plus grands monsieur de l'animation japonaise.