Résumé: Alertée par une passante, Eden découvre un malheureux bouledogue blessé à la dérive dans la Tamise, qu'elle s'empresse de recueillir. « Encore un nouveau pensionnaire ? », sourit son époux policier, Gareth, en rentrant à la maison, transformée en une improbable arche de Noé.
Tous deux ne savent pas encore que le nouveau venu est le point de départ d'une enquête des plus mouvementées. Assistée par deux gamins des rues, Kessy et Irwin, indics aussi discrets qu'efficaces, Eden s'engage dans une aventure qui la mènera au malfaiteur le plus abject et sans scrupule de la capitale : Flynn Hellwood.
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mployée de la Société Royale pour la prévention de la cruauté contre les animaux, Eden Glitter n’a de cesse de voler au secours des chats, chiens, canards ou autres bêtes en difficulté. Particulièrement investie, elle cherche à mettre un terme aux combats clandestins qui se tiennent à Londres, en 1874. Cependant, elle manque de preuves. Une rencontre impromptue avec une inconnue et le tuyau rapporté par Irwin et Kessy, deux gamins lui servant d’indicateurs, mettent la jeune femme sur la piste de Flynn Hellwood, un caïd du quartier des docks. C’est aussi vers cet individu que mène l’enquête de Gareth, l’époux d’Eden, suite à la disparition d’un enfant un peu particulier.
La maltraitance animale est au cœur d’Eden Glitter, nouvelle série tout public signée par le prolifique Éric Corbeyran et par Sandra Cardona (Witch club, Sac à diable), chez Dargaud. Pour aborder cette thématique, les auteurs plantent le décor en Angleterre à l’époque victorienne, là où est née la première société de défense de la faune à poils ou à plumes. Graphiquement, l’artiste espagnole s’attache à rendre au mieux l’ambiance de la capitale britannique à la fin du XIXe siècle, notamment à travers les costumes des personnages. Son dessin au trait reconnaissable s’avère d’ailleurs expressif et s’ils paraissent parfois un peu figés, les acteurs n’en sont pas moins bien caractérisés.
Le récit, lui, va bon train, après une entrée en matière qui montre une héroïne pleine de pep, volontaire et décidée à agir selon ses convictions. En cela, la sympathique protagoniste s’oppose à sa supérieure, plus collet monté, et forme une paire attachante avec son mari. Issus des bas-fonds, Irwin et Kessy symbolisent plutôt bien les enfants que la misère rejette à la rue, quoique prompts à venir en aide à qui en a besoin. De leur côté, Hellwood et ses comparses campent efficacement leurs rôles de méchants. Certains préjugés, liés ici aux « curiosités » animant les freak shows chers à cette période, ajoutent une dimension supplémentaire à l’histoire. Toutefois, les ficelles apparaissent convenues, tout comme la plupart des rebondissements.
Pour autant, Le Demi-Monde constitue une entrée en matière tout à fait honorable et saura divertir les jeunes bédéphiles amateurs d'aventures.