Résumé: Márcia est infirmière dans un hôpital à proximité de Rio et vit dans une favela avec son petit ami Aluisio et sa fille, Jaqueline, qu’elle a eue très jeune avec un autre homme. Jaqueline, jeune adulte frivole et grande gueule, mène la vie dure à sa mère et à Aluisio et fréquente assidûment les membres de l’un des gangs du quartier, ce qui est la source de violentes altercations entre la mère et la fille. Le petit ami de Jaqueline en vient même à menacer Márcia à l’occasion d’un séjour à l’hôpital… La situation dégénère encore plus le jour où Jaqueline se fait arrêter par la police pour complicité de vols et recel de marchandises volées. Márcia et Aluisio, affolés, se rendent compte que Jaqueline est impliquée dans des affaires avec des criminels de haut vol et un groupe de policiers ripoux. Márcia demande alors à Aluisio de surveiller Jaqueline, mais celui-ci risque gros...
R
io de Janeiro, aujourd’hui. Dans le quartier, c’est impossible de ne pas remarquer Márcia. Imposante silhouette à la voix qui porte, elle peut impressionner, mais c’est une véritable crème. Infirmière, elle travaille fort à l’hôpital et fait même des heures sup’ au noir auprès d’une vieille dame atteinte d’Alzheimer. Fatiguée de ses longues journées, elle a toujours un gentil mot quand quelqu'un la croise. Pourtant, ce n'est pas facile tous les jours. Entre sa fille, Jaqueline qui traîne avec les caïds de la Favela et les trafiquants de tous poils qui hantent les lieux, Márcia doit se battre afin de conserver sa dignité et sa droiture. Résultat, elle n’a pas souvent le temps de s’arrêter pour boire une bière et papoter un peu…
Album après album, Marcello Quintanilha raconte le Brésil et les Brésiliens. Sous la forme du polar (Tungstène), d’adaptation de classiques littéraires (L’Athénée), de récits sociaux (Lumières de Niteroi ou psychologiques (Talc de verre), il y parle de son pays d’origine, de la situation économique désastreuse et de ces étranges codes sociétaux qui font de la corruption un mode vie et de la violence la réponse à tous les problèmes. Écoute, jolie Márcia rassemble tous ces styles sous la forme d’un véritable roman particulièrement incarné.
Mère courage ou victime désignée ? Márcia s’avère être bien plus que ça ! Personnage central aux multiple facettes, celle-ci occupe tous les instants de ce généreux ouvrage aux couleurs éclatantes. Le portrait qu’en dresse l’auteur se montre tout bonnement incroyable de richesse et de vérité. Femme forte et résiliente, oui, elle l’est, comme toutes les mamans qui veulent le meilleur pour leurs enfants. Elle est aussi fragile et écrasée à force de vouloir porter sur ses épaules le poids des angoisses et des colères de son entourage. Si le scénariste ne lui épargne rien, il le fait sans misérabilisme ni fausse piété. Mieux encore, il l’accompagne attentivement et l’entoure de la douceur infinie dont le peuple brésilien est également capable. Il y a, certes, des truands, mais il existe surtout les copines du travail, son petit ami et les coups de pouce de quelques médecins plus fortunés ayant bien compris la place cruciale qu’elle tient au milieu du chaos qu’est le Brésil actuel.
Fureurs, larmes, incompréhensions et rédemption, mise en images audacieuse, construction dramatique tendue et maîtrisée, Marcello Quintanilha réussit un coup de maître avec Écoute, jolie Márcia. Véritable roman graphique au premier sens du terme, il s’agit simplement d’une des bandes dessinées les plus fortes du moment.
La preview
Les avis
Flemeth
Le 03/12/2023 à 16:22:57
Je trouve le dessin et les couleurs très laids, mais ils desservent pourtant très bien cette chronique sociale sur le quotidien d'une aide soignante vivant dans une favela brésilienne. L'ultra violence est partout, notamment dans les scènes avec la très antipathique Jacqueline, la fille de Marcia. Les rares moments de douceur viennent de la tendre relation entre Marcia et Aluisio. On se remet difficilement de cette histoire dure et sans concession, et on apprécie d'autant plus nos relatifs sécurité et confort de classe moyenne vivant en Europe.
Erik67
Le 30/08/2022 à 07:31:49
Je voulais lire cet album depuis des mois car il a décroché le fauve d'or du meilleur album à Angoulême. Or, les prix et autres récompenses ne veulent parfois rien dire. Je n'ai pas aimé et croyez-moi, si j'étais membre du jury, ce n'est pas l'album que j'aurais choisi même parmi la sélection. Bref, j'ai l'impression de m'être fait avoir en beauté. Du même auteur, j'avais déjà détesté « Tungstène » et cela aurait dû me mettre sur la piste.
Sur le plan graphique, la colorisation est assez repoussante. C'est une véritable débauche de couleurs qui privilégie les orangés et les jaunes fushia. Cela donne un effet assez patchwork à l'ensemble de l'album. Il faudra que vos yeux s'y habituent. Allez-y en douceur !
Passons à l'intrigue maintenant : elle est totalement inexistante et on se perd dans des dialogues fort ennuyeux. Il n'y a rien pour susciter la curiosité si ce n'est la personnalité de cette femme brésilienne Marcia, aide-soignante, qui se bat pour sa famille dans les favelas de Rio. Oui, ce sont des vies désabusées dans un environnement urbain hostile : bienvenue dans le Brésil de Jair Bolsonaro !
Notre héroïne aura d'ailleurs fort à faire avec sa fille totalement irrespectueuse mais également avec des patients à l'hôpital qui se comportent comme des chefs de gang mafieux. On a droit à un portrait du Brésil tel qu'il est aujourd'hui. Cela ne donne pas très envie d'y habiter et d'y vivre, c'est certain. On est loin de la carte postale de ces jeunes et belles filles sur les plages qui se trémoussent lors des carnavals.
Bref, une chronique sociale de plus mais qui ne m'a pas particulièrement marqué. Point de poésie ou d'émotion. Rien que le vide. Bref, je n'ai pas trop envie d'écouter cette Marcia. Rendez-nous Marcia Baïla sur du satin, de la rayonne !